LYON
Dans le cadre des Journées du patrimoine, Lyon dévoile le travail commun d’archéologues et de chercheurs autour d’une découverte majeure : six barques gallo-romaines.
LYON - En décembre 2000, deux ans après avoir été classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le quartier Saint-Georges, à Lyon, fait l’objet de travaux d’aménagement d’un parking souterrain. Les équipes de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) sont envoyées sur place entre octobre 2002 et mai 2004 pour fouiller le secteur. Leurs recherches se révèlent vite fructueuses. Les vestiges exhumés permettent de retracer près de vingt-neuf siècles d’histoire sur les bords de la Saône, de la protohistoire à nos jours. Parmi eux, une découverte majeure : six barques et les restes d’un embarcadère en bois qui attestent de la présence d’un port à l’époque gallo-romaine. De dimensions imposantes et particulièrement bien conservées, les six embarcations antiques, réalisées en chêne – un bois dur et résistant – et en sapin, apportent des renseignements précieux sur les techniques de construction navale de l’Antiquité.
Il s’agit de chalands réservés spécifiquement aux transports de marchandises sur voie fluviale. À partir de 2006, trois de ces embarcations seront confiées au laboratoire ARC-Nucléart, à Grenoble, pour une longue période de traitement. Ce dernier a développé depuis les années 1970 un procédé original de consolidation des matériaux poreux par une résine radiodurcissable, parfaitement adaptée aux vestiges en bois. Une fois restaurés, les bateaux de Saint-Georges devraient rejoindre, à l’horizon 2010, voire 2012, les musées gallo-romains de Fourvière (Lyon), Saint-Romain-en-Gal (près de Vienne, dans le Rhône), et le futur Musée des Confluences (Lyon) pour y être exposés au public. En attendant, les visiteurs peuvent se rendre au Musée gallo-romain de Fourvière qui dévoile les premiers résultats des fouilles réalisées sur le site du parc Saint-Georges. Un fragment original non restauré d’une des barques y est présenté ainsi que la reconstitution d’une épave à l’échelle 2/3, élaborée par le laboratoire ARC-Nucléart. Cette dernière permet de mesurer la qualité technique et l’ampleur des embarcations (d’une longueur de 18 mètres).
Lors des Journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre, les chercheurs et restaurateurs ayant travaillé sur les barques seront d’ailleurs sur place pour expliquer leurs délicates missions. L’exposition évoque en outre l’évolution géomorphologique de la Saône et du Rhône, ainsi que la vie quotidienne dans le port antique de Saint-Georges à travers les différents éléments mis au jour, statuaires, poteries, vaisselles, verre, armes, matériaux nobles tel le marbre...
Comme le montrent les objets exhumés, c’est dès le Néolithique (5000 avant J.-C.) que de nombreux peuples se sont installés près des cours d’eau et s’en sont servis pour l’acheminement des marchandises, une activité qui s’est largement développée à l’époque gallo-romaine. Très élaborée, la batellerie permettait à cette époque le transport de chargements considérables sur le Rhône et la Saône, reliant le monde méditerranéen au cœur de la Gaulle. Lyon, qui s’appelait alors « Lugdunum », était un important carrefour d’échanges économiques.
Le site a également livré des œuvres plus énigmatiques comme ces ensembles de blocs d’architectures (colonnes, dédicaces de frontons…) dédiés à une mystérieuse divinité, ce bas-relief représentant un personnage féminin (Ier ou IIe siècle) ou encore ce visage de jeune fille (Ier siècle). Archéologues et chercheurs continuent de travailler de concert pour tenter de percer les derniers mystères des zones portuaires de Lugdunum.
Jusqu’au 5 octobre, Musée gallo-romain de Fourvière, 17, rue Cléberg, 69005 Lyon, tél. 04 72 38 49 30, tlj sauf lundi 10h-18h.
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Et vogue Lugdunum !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : Et vogue Lugdunum !