PARIS
Avant la publication mardi de nouveaux relevés mesurant la contamination au plomb autour de la cathédrale Notre-Dame, l'inquiétude des associations et syndicats reste vive malgré l'annonce de la mairie de Paris d'une intensification de la dépollution.
Réunis lundi matin devant le parvis fermé de la cathédrale, syndicalistes CGT et membres d'associations, récemment constitués en collectif, se sont montrés particulièrement préoccupés de la santé des personnes étant intervenues à l'intérieur de la cathédrale après l'incendie ou travaillant aux alentours. Parmi ceux-ci: pompiers, agents de nettoyage, policiers, personnels de l'Hôtel-Dieu mais aussi bouquinistes, salariés des bars et restaurants avoisinants, a énuméré Benoît Martin, de l'Union départementale CGT.
Pendant l'incendie qui a en partie détruit la cathédrale le 15 avril, plusieurs centaines de tonnes de plomb contenues dans la charpente de la flèche et la toiture ont fondu et se sont répandues sous forme de particules. L'association Robin des Bois a porté plainte contre X, accusant les autorités d'avoir tardé à réagir et manqué de transparence.
Le parquet général de la cour d'appel de Paris a dévoilé que des prélèvements avaient été réalisés au Palais de Justice, sur l'île de la Cité, à la suite d'inquiétudes soulevées par certains agents. L'expertise n'appelle pas à de recommandations particulières à l'intérieur du palais mais il est préconisé de réaliser un nettoyage approfondi dans les cours extérieures.
Le chantier de Notre-Dame de Paris, suspendu fin juillet, doit reprendre progressivement à partir de la semaine du 12 août avec l'arrivée de nouvelles mesures de protection pour les salariés potentiellement exposés au plomb. Une réouverture qui « ne nous va pas », a grondé Benoît Martin. Le collectif de syndicats CGT et d'associations a demandé le « confinement total du site » de Notre-Dame de Paris.
- « Pas plombés » -
La « mise sous cloche » du chantier n'est « pas spécialement adaptée à la situation » et « pas pérenne », a répondu Anne Souyris, adjointe à la santé de la mairie de Paris, qui a regretté que la CGT ne soit « pas venue [la] voir ». Le confinement du site n'est « absolument pas envisageable », a abondé l'archiprêtre Monseigneur Chauvet. Le recteur de la cathédrale a estimé lundi sur Europe 1 que les personnels étant intervenus sur le chantier n'étaient « plus en danger », ajoutant: « tout le monde a fait une plombémie (analyse) et je peux vous dire: on n'est pas plombés ».
« Actuellement, les [15] agents (travaillant à l'Hôtel-Dieu) qui ont eu une plombémie n'ont toujours pas reçu leurs résultats », a rétorqué Graziella Raso, du comité de lutte CGT de cet hôpital. Souleymane Soumaro, responsable du collectif parisien de nettoyage CGT, a affirmé que les 500 employés qu'il représente n'ont « pas été informés du risque » lié à la pollution au plomb, ni « équipés » pour y faire face. « Ils ont continué à utiliser leurs balai » et, parfois, « ont lavé leurs tenues à la maison », faisant courir un risque de contamination à leur famille, a-t-il expliqué.
Le collectif a également émis des doutes sur une éventuelle contamination des parcs, notamment du jardin du Luxembourg, et fontaines. « Jusqu'à présent, nous n'avons aucune indication d'aucun problème chez nos personnels », de nettoyage ou qui travaillent dans les parcs et jardins, a affirmé Anne Souyris. Interrogée sur une éventuelle contamination de l'eau de la Seine, l'adjointe a répondu que les prélèvements ne montraient aucune anomalie liée au plomb.
- « Aller vite » -
« Nous avons décidé que, à Paris, à la rentrée, les choses seraient rentrées dans l'ordre et que la dépollution devait être une réalité pour tous et pour toutes », a promis lundi Anne Souyris. « Il faut aller vite », a jugé l'adjointe à la santé, annonçant que la « dépollution sérieuse » du parvis et des rues adjacentes commencerait le 7 août afin que « d'ici la fin du mois », ces sites soient « effectivement dépollués ».
Les résultats des nouveaux relevés, attendus mardi, seront « immédiatement rendus public », a assuré sur franceinfo Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la mairie de Paris, transmis à l'Agence régionale de santé et mis en ligne sur le site de la Ville de Paris. Depuis l'incendie, des taux de concentration importants de plomb, auxquels les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux alentours de l'édifice et un groupe scolaire a été récemment fermé pour des travaux de nettoyage.
Selon Emmanuel Grégoire, « sauf information nouvelle (...) il n'y a aucune raison de penser que les écoles ne rouvriront pas de façon normale » à la rentrée. Anne Souyris a confirmé que la réouverture totale des écoles dépolluées, « c'est possible », et a dévoilé que les prélèvements avaient été « élargis » aux crèches, écoles et collèges privés.
Cet article a été publié par l'AFP le 5 août 2019.
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Plomb autour de Notre-Dame : l'inquiétude reste vive
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