FRANCE
Les départ de feu se sont malheureusement multipliés ces dernières années au sein de bâtiments historiquement inestimables.
L’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris ce lundi 15 avril revêt un caractère exceptionnel, tant par l’étendue et l’irréversibilité des destructions que par l’importance symbolique du lieu pour les Français. Les vingt dernières années ont été jalonnés par des accidents similaires en France, touchant des édifices patrimoniaux uniques, et qui peuvent permettre d’appréhender ce que sera « l’après » pour Notre-Dame.
Le parlement de Bretagne
Le 4 février 1994, une manifestation de marins pêcheurs donne lieu à une confrontation avec les forces de l’ordre ; une fusée de détresse tirée se retrouve sur la charpente du Parlement de Bretagne, un édifice du XVIIe siècle, œuvre de Salomon de Brosse et Germain Gaultier, qui abrite la Cour d’appel de Rennes.
C’est le départ d’un incendie qui occasionne des dégâts irrémédiables : destruction de la charpente et des étages supérieurs, de la salle des pas perdus et sa voûte en berceau, ainsi que de la bibliothèque historique. Comme à Notre-Dame, des mesures de sauvetage ont été prises pendant l’incendie, permettant de préserver la plupart des tapisseries et peintures anciennes.
Dès le lendemain de l’incendie, émerge une volonté de reconstruire l’édifice à l’identique, de la part du maire, mais aussi d’une association fondée dans la foulée. Cette reconstruction est rendue possible grâce à des relevés scientifiques du bâtiment très précis avant sa destruction.
Les travaux durent cinq ans, dirigés par Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques, pour une somme de 55 millions d’euros. Si de nombreux dons ont afflués spontanément pour lancer le chantier, notamment avec l’organisation de concerts, la somme a essentiellement été financée par le ministère de la Justice, occupant des lieux.
La promesse d’un bâtiment reconstruit à l’identique est tenue pour ce qui concerne l’extérieur, à l’intérieur, la charpente a été modernisée, et de l’espace dégagé dans les étages supérieurs pour aménager des bureaux.
Le Château de Lunéville
En Lorraine, c’est probablement un court-circuit qui a provoqué un départ d’incendie dans la toiture du Château de Lunéville. Le 2 janvier 2003, c’est toute l’aile sud de ce « Versailles lorrain » qui part en fumée. Les collections sont durement touchées : tapisseries, peintures, et 80 % de la collection de faïence sont détruits par le feu.
Comme ailleurs, la mobilisation des habitants permet de récolter des fonds, ici à travers l’association Lunéville Château des Lumières. Cet élan seul ne résout toutefois pas l’équation des coûts du chantier entamé en 2005 sous la direction de Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des monuments historiques, et qui devrait durer une vingtaine d’année.
Estimés à 100 millions d’euros, ces travaux ont été pris en charge par les assurances dans un premier temps (26 millions d’euros), puis par l’Etat, propriétaire, et le département. Bien que partiellement détruit, le château, continue à accueillir des visiteurs, dont les entrées payantes financent également les travaux.
L’Hôtel de Ville de La Rochelle
Ce bâtiment construit entre le XVe et le XIXe siècle est souvent considéré comme le plus bel Hôtel de Ville français. Sa toiture est dévorée par les flammes le 28 juin 2013, alors que l’édifice est en restauration, à l’instar de Notre-Dame.
Si bon nombre d’œuvres et témoignages historiques sont là aussi mis à l’abri, l’effondrement du toit cause des dégâts supplémentaires, fragilisant notamment la façade de la grande galerie qui date de la Renaissance. La première partie des travaux consistera donc à la consolidation de cet élément particulièrement sensible.
Le coût total du chantier était estimé en 2016 à 20 millions d’euros. Les assurances prennent en charge une grande partie des dépenses, une autre viendra de l’Etat et de la Région. Reste à charge 4 millions d’euros pour la municipalité de La Rochelle, qui peut également compter sur la solidarité : 150 000 € ont été levés auprès de 482 donateurs en 2016.
Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques supervise cette reconstruction. C’est aussi lui qui est en charge des travaux avant incendie de restauration de Notre-Dame (dont la restauration de la flèche).
L’hôtel Lambert
Ce voisin de Notre-Dame, situé sur la pointe de l’Île Saint-Louis, a connu un incendie ravageur la nuit du 9 au 10 juillet 2013, alors qu’il arrivait au terme de trois années de restauration. Le feu s’est déclaré là aussi sous la toiture de l’hôtel particulier du XVIIe, signé Louis le Vau, laissant un trou béant et fragilisant l’ensemble de la structure.
C’est surtout un ensemble inestimable de décors peints par Eustache le Sueur qui a disparu pour toujours ; des fresques tout aussi précieuses de Charles le Brun ont également été sérieusement endommagées.
Nul investissement public dans les 130 millions consacrés à la reconstruction de ce joyau, réalisée sous la direction d’Alain-Charles Perrot, puisque depuis 2007 le propriétaire, le cheikh qatari Abdullah Ben Khalifa al-Thani, est privé. Le cheikh et son assurance ont donc réglé la facture.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Patrimoine incendié : quatre précédents à Notre-Dame
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €