Le Musée d’histoire de la vie quotidienne a ouvert ses portes en Normandie dans un bâtiment à l’aspect originel retrouvé.
SAINT-MARTIN-EN-CAMPAGNE - Ce village de Seine-Maritime d’un peu plus de 1200 habitants a inauguré en mai son premier musée. En face de la petite église communale, se déploie le « Musée d’histoire de la vie quotidienne », constitué de la plus vieille maison du bourg et d’un bâtiment de verre et de métal tout juste sorti de terre. Les deux éléments sont reliés l’un à l’autre en sous-sol.
Acquise par la municipalité en 2006, la maison Mercier – du nom de la famille qui l’occupa aux XIXe et XXe siècles – a été restaurée de 2008 à 2010 (1) pour retrouver son apparence du XVIe siècle. La dépose des enduits et des remplissages apposés au cours des siècles a révélé les colombages et permis de retrouver des éléments décoratifs et des fenêtres partiellement conservées, ainsi que la position des cheminées de l’édifice original. Un relevé archéologique de l’ensemble des ouvrages a autorisé la reconstitution des façades et la redistribution intérieure. Concession au XXIe siècle : une extension contemporaine a été élevée afin de distribuer les étages. « C’est la volonté de réhabiliter cette ferme-manoir qui a incité la création de ce musée », explique le maire, Bernard Defoy. Ce dernier s’est rapproché de l’association du Musée des arts et traditions populaires de Talou qui a collecté « sur les brocantes ou sur les trottoirs » environ 20 000 objets depuis 1995. Présentés jusqu’ici dans des expositions itinérantes, ces objets sont aujourd’hui placés en dépôt dans les réserves extérieures du musée ou au sein du parcours permanent, principalement dans le bâtiment contemporain. Coût du chantier : 5,2 millions d’euros, supportés presque en totalité par la commune.
Objets de labeur
Thème après thème et sur des cimaises bleu ciel que certains pourront trouver peu flatteuses, l’accrochage déroule environ 2000 artefacts, témoins de l’agriculture, de l’artisanat, de l’industrie, des commerces, des services et de la société, de la culture et de la vie domestique qui ont rythmé la vie du Talou (ancienne région littorale de Normandie) et plus largement de la France de la fin du XIXe siècle aux années 1980. Des objets de labeur bien peu décoratifs rencontrent des pièces dont l’intérêt est autant ethnographique qu’artistique, telle la collection de pianos mécaniques (fin du XIXe-début du XXe siècle) superbement ouvragés achetée par la municipalité au Musée magic de la musique mécanique et de la machine parlante du Mesnil-Raoul, aujourd’hui fermé.
À l’exception de la salle de classe, où se trouvent tableau noir, pupitres et blouses d’instituteur, l’accrochage – peu porté sur les reconstitutions – ne contextualise pas les objets. D’intéressantes vidéos d’archives collectées par le département mémoire audiovisuelle du Pôle Image Haute-Normandie et des agrandissements de cartes postales du début du XXe siècle se chargent néanmoins de montrer l’objet en situation. Tout comme les témoignages fictionnels imaginés par une dramaturge narrant le rapport entre l’objet et son possesseur. Une manière intelligente de réactiver une mémoire intime.
(1) Cette restauration a reçu le premier prix des Rubans du patrimoine en 2011.
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L’ordinaire d’autrefois
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Légende Photo :
Le Musée d'histoire de la vie quotidienne, Saint-Martin-en-Campagne. © Photo Margot Boutges
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°415 du 6 juin 2014, avec le titre suivant : L’ordinaire d’autrefois