Royaume-Uni - Unesco

L’île de Portland dans la Manche menacée par la construction d’un incinérateur

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 25 septembre 2024 - 464 mots

ÎLE DE PORTLAND / ROYAUME-UNI

Malgré une alerte par une association internationale de protection de l’environnement, le gouvernement a validé le projet.

Île de Portland dans le Dorset, Angleterre. © Jack Pease Photography, 2019, CC BY 2.0
Île de Portland dans le Dorset, Angleterre.

L’île de Portland (Dorset, Grande-Bretagne), classée au patrimoine mondial de l’Unesco, est menacée par la construction d’un incinérateur de déchets. Le gouvernement britannique a donné son aval, alors que le projet avait été rejeté à l’unanimité par le Conseil du Dorset en 2023, face à la pression des activistes. Le Jurassic Coast Trust, l’association de défense et de protection de la côte jurassique, a annoncé être « très déçu par la décision » dans un communiqué récent.

L’incinérateur sera construit le long du rivage, sur un terrain de 23 hectares à Balaclava Bay. Bien qu’il ne soit pas situé directement sur les zones rocheuses classées, il s’agira d’une installation majeure pour l’île, avec un bâtiment de 200 mètres de long sur 54 mètres de large. La cheminée s’élèvera à 80 mètres de haut, et la fumée montera jusqu’à 250 mètres. L’incinérateur fonctionnera en continu, brûlant à la fois les déchets ménagers et ceux des entreprises provenant de tout le Royaume-Uni. Les promoteurs assurent que le bâtiment, couvert d’un mur végétalisé « camouflage », s’intégrera harmonieusement dans le paysage.

« Bien que la construction se déroule en dehors du site du patrimoine mondial de la côte jurassique, il y aura un impact sur le cadre général du site », explique Rushanara Ali, ministre adjointe du Logement et des Communautés locales. De nombreux activistes ont manifesté leur inquiétude face à cette menace pour l’île. L’association World Heritage Watch a alerté sur les dommages potentiels que la construction de l’incinérateur pourrait causer à l’écosystème local. En raison de son emplacement en hauteur et des vents dominants, la fumée et les métaux lourds risquent de se répandre sur les zones rocheuses calcaires, millénaires. L’association a aussi soulevé des interrogations concernant la gestion des déchets et des cendres, qui pourraient se retrouver directement dans la mer et sur le littoral.

Le littoral du Dorset et de l’est du Devon, long de 155 km, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Les formations rocheuses de l’île, datant du Trias, du Jurassique et du Crétacé, remontent à 185 millions d’années et contiennent des fossiles de vertébrés, d’invertébrés et de plantes. C’est le seul site au monde où ces trois périodes géologiques sont visibles en un seul endroit. Ces roches revêtent une importance capitale pour la recherche en géologie, paléontologie et géomorphologie : elles sont étudiées par les scientifiques depuis plus de 300 ans, selon l’Unesco.

Le projet d’incinérateur, lancé en novembre 2019 par des promoteurs, est estimé à 150 millions de livres sterling. Les entreprises qui financeraient l’incinérateur seraient japonaises et néerlandaises, selon World Heritage Watch.

World Heritage Watch a averti le gouvernement qu’il devait obtenir l’accord du comité du patrimoine mondial de l’Unesco avant de lancer la construction.

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