SENLIS
Après cinq années de travaux de rénovation, le Musée d’art et d’archéologie de Senlis (Oise) a rouvert ses portes au public. Doté de nouvelles réserves, l’établissement offre un parcours plus cohérent et moderne. Repensée, la muséographie permet de mieux valoriser les vestiges archéologiques, la statuaire médiévale et la peinture.
SENLIS - Le 24 novembre, le Musée d’art et d’archéologie rouvrira ses portes au public, offrant au visiteur une muséographie remaniée et de nouveaux espaces internes : Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis (1864-1942) n’est plus le seul joyau du musée de Senlis (Oise). Dorénavant, le peintre Thomas Couture (1815-1879) dispose lui aussi d’une place de choix, dans la chapelle dite « du chancelier Guérin », autrefois une remise du musée.
C’est une donation anonyme consentie en 2001 qui a motivé la rénovation interne du musée, couvrant une partie des travaux dont le montant total s’élève à 4,5 millions d’euros. Les travaux de couvrement, qui au départ n’étaient pas prévus, ont augmenté le budget et étendu à cinq ans la durée du chantier. Il s’agissait « à la fois de restaurer certaines parties du bâtiment, d’accroître la surface d’exposition, de créer des réserves, de moderniser la muséographie et de la rendre plus cohérente », explique Marie-Bénédicte Astier-Dumarteau, nouvelle directrice des musées de Senlis. La jeune conservatrice succède à Bénédicte Pradié-Ottinger, disparue en juillet dernier après avoir conçu et encadré les travaux, et œuvré à la mise en lumière de Thomas Couture, dont elle menait la rédaction du catalogue raisonné.
« Fuite en Égypte »
En sous-sol, le petit « musée de site » a subi un léger lifting scénographique, déployant les vestiges d’une maison gallo-romaine et des remparts de la ville, tandis que les ex-voto du sanctuaire de guérison de la forêt d’Hallatte sont mis en valeur par un jeu de lumière soigné et un film documentaire réalisé en 2011. Au rez-de-chaussée, la section archéologique a été repensée autour de l’impressionnant socle de la statue de l’empereur Claude, datant de 48 apr. J.-C., tandis que la statuaire médiévale, dont la plupart des œuvres proviennent de la dépose de la cathédrale voisine, est redéployée de manière beaucoup plus aérée dans une belle salle voûtée d’ogives du XIVe siècle.
Les véritables transformations sont concentrées au premier niveau du bâtiment. Si la peinture naïve de Séraphine Louis demeure l’un des principaux atouts de l’institution, la collection de peintures du musée, parmi lesquelles une très belle Fuite en Égypte (1650-1660) de Philippe de Champaigne, a été réunie dans une seule grande salle. Le décloisonnement de l’espace apporte une nouvelle dimension aux toiles, autrefois dispersées dans deux salles plus sombres et encombrées. Trois nouveaux espaces ont été gagnés sur les réserves et les débarras du bâtiment. La chapelle Thomas-Couture prend place dans l’ancienne chapelle privée du chancelier Guérin, plusieurs fois remaniée au fil du temps. La salle, avec sa voûte en bois, a servi d’atelier à Couture, originaire de Senlis. Grâce à des dépôts du Musée national du château de Compiègne (Oise) et des acquisitions récentes, dont un très beau Portrait de jeune garçon (1846) acheté en 2011, le Musée de Senlis peut s’enorgueillir de présenter une des plus belles collections d’œuvres du peintre. Une monumentale étude pour un Saint Rieul, patron des Senlisiens, surplombe les cimaises avec une solennité en accord avec le lieu. Cette chapelle est incontestablement la réussite de la rénovation du musée.
Expositions à l’étroit
La galerie Renaissance, un chemin de ronde transformé au XVe siècle en loggia ouverte sur des fenêtres géminées, accueille des œuvres sculptées : le Monument des Puget, restauré au C2RMF, y trouve une place de choix. Au bout de la galerie, la chambre des Anges et sa voûte ogivale, domaine privé de l’évêque pour ses dévotions, retrouve son lustre. Dans cette salle sera évoquée l’intimité épiscopale grâce à des objets liturgiques et la célèbre crosse du chancelier Guérin. L’accessibilité a été accrue par le biais de rampes et d’un ascenseur desservant tous les niveaux, et la médiation écrite (cartels, fiches de salles et documents d’aide à la visite) a été totalement repensée.
Reste que le musée ne dispose que d’un espace très restreint pour ses expositions temporaires. L’hôtel du Vermandois, voisin du musée, qui accueillait auparavant les expositions, a été fermé pour des raisons de sécurité pendant les travaux du musée. « C’est indiscutablement une contrainte, avoue la directrice. Nous allons privilégier le fonds graphique de nos collections, et proposer des expositions de petit format. » Mais la priorité pour un prochain chantier consistera à restaurer les façades nord du bâtiment, très détériorées. En attendant une nouvelle donation providentielle ?
Réouverture le 24 novembre, place Notre-Dame, 60300 Senlis, tél. 03 44 24 86 72, www.musees-senlis.fr.
Tlj sauf mardi, lundi-jeudi-vendredi, 10h-12h, 14h-18h, mercredi 14h-18h, samedi et dimanche, 11h13h, 14h-18h.
Catalogue : éd. Mare et Martin, 158 p., 19 €.
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Le Musée de Senlis a rouvert ses portes
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d'art et d'archéologie de Senlis, la chapelle Thomas-Couture. © Photo : Christian Schryve.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°379 du 16 novembre 2012, avec le titre suivant : Le Musée de Senlis a rouvert ses portes