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Fontainebleau et Compiègne au rapport

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2006 - 761 mots

La direction des Musées de France s’inquiète de l’avenir de ces deux châteaux-musées. Un audit commandé au cabinet Farman and Partners devrait être rendu prochainement.

PARIS - Avec respectivement 317 000 et 90 000 visiteurs en 2005, les châteaux-musées de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et de Compiègne (Oise) se classent très loin derrière le prestigieux domaine de Versailles et ses 4,5 millions de visiteurs, mais aussi à la traîne de certains châteaux privés du Val de Loire. Inquiète de cette « sous-fréquentation », la direction des Musées de France (DMF) souhaiterait améliorer rapidement les performances de ses deux fleurons des grandes demeures françaises. Le 6 juin 2005, le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, annonçait la création d’un comité consultatif de développement associant les collectivités locales. Quelques mois plus tard, le cabinet Farman and Partners était chargé de réaliser, après appel d’offres, une « étude sur le plan de développement économique des musées et domaines nationaux des châteaux de Compiègne et Fontainebleau », payée 80 000 euros. Ce cabinet privé de conseil en marketing propose en effet, dans ses documents publicitaires, d’augmenter de 30 % la fréquentation d’un site culturel et de 100 % ses ressources propres en deux ans. Il est aussi l’auteur d’un rapport fustigeant la gratuité des musées, qui tente de démontrer que « le prix n’est pas une barrière à la fréquentation ».

Offre culturelle globale
Après quelques mois de travail, un pré-rapport a été établi à la fin mars. Amendée par les chefs d’établissement concernés, sa version finale devrait être remise dans les prochaines semaines à la DMF, sans avoir vocation à être publiée. Selon nos informations, ce document préconiserait, dans le cas de Fontainebleau, de renforcer l’offre du château en termes d’accueil, de services pédagogiques, mais également de parcours de visites. L’idée serait d’inciter le visiteur à rester une journée entière sur le site. Toutefois, l’amélioration de l’accessibilité du château sera le préalable indispensable à toute opération. Car celui-ci souffre de son éloignement de la capitale et d’une mauvaise desserte en transports en commun, accentuée par l’absence de parkings. L’acquisition récente de l’ensemble des Héronnières – des anciennes écuries du domaine vendues 1,2 million d’euros par le ministère de la Défense – devrait permettre de créer un second accueil touristique pour le château. Situé en bord de route nationale, de l’autre côté du parc, il serait le nouveau point de départ des visites. Par ailleurs, l’installation, à l’horizon 2009, de l’ensemble musical Pro Quartet dans le quartier Henri IV viendra renforcer l’offre culturelle globale du site (lire le JdA no 193, 14 mai 2004).

Créer un grand musée du second Empire
Si le cas de Fontainebleau ne semble, finalement, pas être si inquiétant, celui de Compiègne préoccupe davantage la DMF. À tel point que la pire des hypothèses aurait été évoquée au sein du cabinet ministériel : la cession pure et simple à un groupe hôtelier privé de ce somptueux château construit sous le règne de Louis XV par Jacques Ange Gabriel, et réaménagé sous le premier puis le second Empire. Ce projet ne serait heureusement plus d’actualité aujourd’hui. En revanche, la nomination d’Emmanuel Starcky à sa direction, en juin 2005, a tout de la mission de la dernière chance pour l’établissement. Adjoint au directeur des Musées de France de 2003 à 2005, ce dernier a une parfaite connaissance des dossiers sensibles. Il a par ailleurs déjà fait ses preuves à Dijon, et ne cache pas son goût des défis.

Car si le rapport Farman est très sévère sur les possibilités de rentabilité du château de Compiègne, celui-ci possède d’indéniables atouts. Mais, pour l’heure, faute d’investissements, la situation est devenue alarmante. Huisseries vermoulues, mobilier aux garnitures rongées par le temps ou par l’usure, peintures défraîchies, muséographie d’arrière-garde : rares sont en effet les salles à ne pas réclamer d’impérieux travaux de rénovation. Conscient que l’investissement ne se fera pas sans un projet muséal solide – et sans l’aide du mécénat –, Emmanuel Starcky souhaiterait y créer un grand musée du second Empire. Compiègne fut en effet la résidence d’automne de Napoléon III de 1856 à 1870. Ce projet consisterait à redéployer les salles désuètes et les collections du petit musée existant sur ce thème. Il viendrait compléter un parcours articulé autour de la visite des grands appartements de style Empire et du Musée national de la voiture et du tourisme, hébergé au château depuis 1927. Sans marcher sur les plates-bandes du Musée d’Orsay, à Paris, dont l’ouverture avait privé le château de Compiègne de quelques œuvres majeures de Cabanel et Winterhalter.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : Fontainebleau et Compiègne au rapport

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