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Le château de Compiègne dans le collimateur de la Cour des comptes

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 13 septembre 2024 - 463 mots

COMPIÈGNE

La Cour dénonce le délabrement du château et veut freiner le développement du Musée de la voiture.

Cour d'honneur du château de Compiègne. © Zairon, 2018, CC BY-SA 4.0
Cour d'honneur du château de Compiègne.
Photo Zairon, 2018

« Pour un Grand Compiègne » : tel était le titre du Projet scientifique et culturel (PSC) validé en 2007 pour le château de l’Oise. 17 ans plus tard, le rapport de la Cour des comptes qui couvre les dix dernières années constate que les ambitions du PSC n’ont jamais été concrétisées. Par ailleurs, le schéma directeur des travaux patrimoniaux à mener sur les 35 000 m² du château, et les 40 hectares de son domaine, n’a été que très partiellement réalisé : sur les 38 millions d’euros prévus, seuls 8,6 millions d’euros ont été effectivement investis.

Pour expliquer cette défaillance, les magistrats évoquent l’absence d’un plan pluriannuel d’investissement (comme c’est le cas au château de Fontainebleau par exemple), afin de programmer, hiérarchiser et financer les différents travaux. Certains d’entre eux étaient urgents en 2013, et le sont toujours, sinon plus, en 2024.

Selon les magistrats, rien n’a été fait pour remédier à l’affaissement des plafonds du premier étage, un désordre connu depuis la fin du XIXe siècle, aggravé par l’utilisation des appartements comme réserves. Aujourd’hui, certains plafonds doivent être étayés pour éviter l’effondrement et la perte des peintures ornant les plafonds. Depuis l’établissement du premier schéma directeur, l’état des façades s’est également détérioré, et il a fallu attendre des chutes régulières de pierre depuis les corniches pour qu’un diagnostic sanitaire soit commandé, et remis en mars 2024. Verdict : 10 millions d’euros sont nécessaires pour ce chantier.

Entre la publication du premier schéma, puis d’un second schéma technique en 2015, et aujourd’hui, l’inflation a fait grimper les coûts des restaurations prévues. Ainsi, le « berceau de l’impératrice » - trésors des jardins de Compiègne, et plus longue tonnelle du monde – nécessitait 2,7 millions d’euros d’intervention en 2015. L’avant-projet de restauration, enfin établi par l’OPPIC en juin 2024, table désormais sur 3,3 millions d’euros pour restaurer ce patrimoine végétal.

Si la Cour note le très faible investissement dans la restauration et l’entretien du patrimoine, par rapport au chemin tracé par les schémas de 2013 et 2015, elle s’étonne en revanche des sommes et de l’énergie consacrées au redéveloppement du Musée national de la voiture installé dans les murs du château. Un chantier « ni prioritaire au regard des urgences patrimoniales, ni cohérent avec les enjeux muséographiques », pointent les magistrats, qui rappellent que le scénario privilégié par le PSC, puis par un rapport de l’Inspection générale des affaires culturelles, était celui d’un déménagement de ces collections automobiles en dehors du château.

Axe de développement principal fixé par le directeur du château, Rodolphe Rapetti, le redéploiement du Musée de la voiture repose sur des hypothèses de fréquentation peu crédibles selon la Cour des comptes, qui recommande qu’il soit « reporté dans le temps, voir annulé, au profit d’autres urgences. »

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