Musée

Le musée de Nouvelle-Calédonie prend son destin en main

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 23 avril 2021 - 506 mots

NOUMÉA / NOUVELLE-CALÉDONIE

Le musée de Nouméa est en plein travaux d’extension. Son identité est remodelée et son parcours construit en respect des principes de l’accord de Nouméa.

Vue d'architecte du projet d'extension du musée de Nouvelle-Calédonie. © Gaëlle Henry, Nouméa / Athanor, Nouméa / Whyarchitecture, Bordeaux
Vue d'architecte du projet d'extension du musée de Nouvelle-Calédonie.
© Gaëlle Henry, Nouméa / Athanor, Nouméa / Whyarchitecture, Bordeaux

Nouméa (Nouvelle-Calédonie). Vingt-trois ans après l’inauguration du Centre culturel Tjibaou, consacré à la culture kanak, Nouméa s’apprête à inaugurer un nouvel équipement culturel d’envergure destiné à valoriser l’identité locale. Contrairement au Centre culturel Tjibaou dont l’architecture est due en 1998 à Renzo Piano, le Musée de Nouvelle-Calédonie, lui, existe déjà. Il compte même parmi ses anciens conservateurs un certain Emmanuel Kasarhérou, devenu depuis président du Musée du quai Branly. Contraint par des espaces exigus et une muséographie obsolète, le musée voué à l’histoire et l’artisanat kanak a engagé sa refonte.

Très attendu, ce chantier, remporté par l’architecte Gaëlle Henry en 2018, a vu la pose de sa première pierre le 6 juillet 2020. Les 8 000 objets d’art et d’artisanat qui composent la collection avaient été mis à l’abri dans des réserves extérieures dès l’été 2019.

Un « destin commun »

Le Musée de Nouvelle-Calédonie, désormais appelé « Muz », gagnera dans l’opération 2 600 mètres carrés, doublant ainsi largement sa surface actuelle. Le projet architectural se compose de quatre extensions situées aux angles de la parcelle sur laquelle est érigé le musée. Le bâtiment existant, construit dans les années 1970, est quant à lui entièrement rénové et abritera les espaces d’exposition. Les activités commerciales, administratives et pédagogiques sont relogées dans les « angles », faits de bois locaux et recouverts d’écailles en acier Corten.

L’identité du lieu évolue également avec cette extension. Le musée reçoit un nouveau nom, affiche un nouveau logo, qui rend hommage aux bambous gravés, symbole culturel de l’île. Il offre aussi un nouveau parcours muséographique. Ce dernier découlera, selon les termes du communiqué de presse, de « l’esprit de l’accord de Nouméa », du nom de ce document signé en 1998 par les représentants de l’État français et du peuple kanak et qui reconnaît, entre autres, la nécessité de préserver, protéger et valoriser l’identité culturelle kanak.

Au cœur de ce parcours se trouvera donc la notion de « destin commun », inaugurée par ledit accord et qui vise à apaiser les mémoires en incluant tous les habitants de l’île dans la construction de La Nouvelle-Calédonie, indépendamment de leurs origines. L’exposition permanente, qui racontera ce destin, sera découpée en sept séquences, depuis les premiers arrivants venus de l’océan Pacifique jusqu’aux débats actuels sur le devenir de l’île. Ce récit chronologique donnera une place importante au patrimoine archéologique kanak et ses fameuses poteries Lapita, patrimoine jusque-là absent des vitrines du musée.

Un espace supplémentaire de 100 mètres carrés s’ajoutera à ce parcours permanent pour présenter les trésors de la collection océanienne du musée. Le « Muz » bénéficiera également d’un nouvel espace de 500 mètres carrés dévolu aux expositions temporaires.

Ce projet chiffré à 2 milliards de francs Pacifique (plus de 16 millions d’euros) est financé à 30 % par l’État français et 70 % par la collectivité de Nouvelle-Calédonie, dans le cadre du contrat de développement 2017-2021. Avec un chantier en bonne voie, le musée devrait être inauguré à l’été 2022.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°565 du 16 avril 2021, avec le titre suivant : Le musée de Nouvelle-Calédonie prend son destin en main

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