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Le musée de Dunkerque en hibernation

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 7 juillet 2018 - 857 mots

DUNKERQUE

Le Musée des beaux-arts, fermé depuis 3 ans, vient d’achever le déménagement de ses collections qui continuent à vivre hors les murs. Une étape avant une éventuelle installation dans la Citadelle.

Musée des beaux-arts de Dunkerqu
Le déménagement des collections du Musée des beaux-arts de Dunkerque en janvier 2017.
© MBA, Dunkerque

Dunkerque. Fermé sans ménagement en avril 2015, le Musée des beaux-arts de Dunkerque (MBA) achève ce mois-ci le déménagement complet de ses collections pour laisser place au chantier de la future médiathèque municipale. Ce jeu de chaises musicales des institutions culturelles dunkerquoises engagé dans un climat tendu devrait aboutir à l’ouverture de la médiathèque en 2019 et à celui d’un nouveau musée des beaux-arts dans plusieurs années : « une décision politique », qu’assume pleinement Michel Tomasek, adjoint au maire en charge de la Culture.

En 2015, un grave désaccord avait opposé la directrice des musées de l’époque, Aude Cordonnier (actuellement directrice du MusVerre à Sars-Poterie) à la nouvelle municipalité, élue en 2014. La directrice, à la tête du MBA et du Lieu d’art et d’action contemporaine (LAAC) durant seize ans, a réussi la réouverture du LAAC en 2005, imposant l’institution sur la scène nationale. Son bilan est positif, dans une ville où l’argent manque continuellement. Le diagnostic de Michel Tomasek, docteur en histoire de l’art, vice-président de la Société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie, ancien président de l’association des Amis des musées de Dunkerque est tout autre : « La fermeture est due à un double constat : le MBA ne fonctionnait pas comme on pouvait le souhaiter en fréquentation, en qualité de présentation. On était en désaccord avec la façon de gérer le MBA et le déséquilibre créé avec le LAAC, très dynamique. À côté, on avait une bibliothèque dans un état catastrophique : l’idée a été de réorganiser globalement les pôles culturels dunkerquois. »

Une fermeture temporaire qui dure

Il s’agissait de créer un « pôle art contemporain » en réunissant le Fonds régional d’art contemporain (Frac) et le LAAC ; un « pôle intellectuel » avec la bibliothèque et le théâtre – devenus voisins grâce à l’installation de la médiathèque en lieu et place du MBA – ; et un « pôle patrimonial » dans la Citadelle, un des lieux emblématiques de Dunkerque, pour y installer le MBA à côté du Musée portuaire, de structure associative. Sur le départ pour Sars-Poterie, Aude Cordonnier prévient fin mars 2015 dans La Voix du Nord : « L’idée de la nouvelle municipalité est séduisante, mais il ne faut pas minimiser les contraintes. C’est un dossier complexe, d’autant que les deux structures (MBA et Musée portuaire) n’ont pas les mêmes histoires. »

Le 1er avril 2015, la municipalité annonce la fermeture du musée – qui accueille alors moins de 10 000 personnes à l’année – censée être temporaire pour des travaux de réfection, sans concertation avec la directrice des musées, selon les informations du Journal des Arts. Partie à Sars-Poterie, Aude Cordonnier est remplacée par Sophie Warlop, conservatrice et directrice adjointe des musées, qui doit se débrouiller avec une équipe réduite et un calendrier bousculé. L’inquiétude monte à Paris, au point qu’une mission de l’Inspection générale des affaires culturelles est diligentée.

« Dans les premiers temps, il a fallu mettre en place une méthodologie de déménagement. On avait un problème : au MBA, nous n’étions qu’à 39 % de recollement des collections en 2015 », explique la conservatrice. Une phase longue d’évaluation (capacités, recrutements, restaurations, délais) qui aboutit à un déménagement des 24 000 lots des collections en deux étapes. Le premier bâtiment a été rendu au chantier de la bibliothèque en septembre 2017. Le 15 juin, le bâtiment des réserves, destiné à être abattu, a été complètement vidé de ses collections. Plusieurs sites de réserves provisoires ont été investis à Dunkerque, entre le Frac, le LAAC, la Halle aux sucres, ainsi que deux espaces de stockage loués à LP ART en banlieue parisienne. « Le stockage nous coûte très cher, c’est bien la preuve qu’on tient au musée ! », insiste Michel Tomasek. « Tout est photographié, constaté, mis en caisse, et nous avons une surface disponible au LAAC pour des expertises plus poussées au cas par cas », poursuit Sophie Warlop : « L’écriture du projet scientifique et culturel (conjoint au LAAC et au MBA, ndlr) est en cours, nous avons recruté un conservateur et un documentaliste. » Deux études sont actuellement menées : l’une, pilotée par la ville, porte sur la construction d’un Centre d’études et de valorisation des musées de Dunkerque. Ce lieu qui fait office à la fois de réserves, de centre de documentation, de bureaux et de lieux de consultation, a été validé par les élus. « L’objectif est une ouverture à l’horizon 2020-2021 », selon Michel Tomasek. L’autre étude, pilotée par la communauté d’agglomération, porte sur le futur Musée des beaux-arts dans la Citadelle, est n’est qu’en phase pré-opérationnelle. « Nous étudions le choix de “l’indépendance rapprochée” avec le Musée portuaire », justifie Michel Tomasek. La faisabilité juridique du rapprochement d’un musée associatif et d’un musée municipal est actuellement à l’étude. Mais la réouverture du musée dans la Citadelle ne se fera pas avant « un prochain mandat », selon l’édile.

Mis en caisse, le musée expose pourtant ses installations grâce au programme « Destination Musée » mis en place en 2016. Après Cassel, Saint-Omer ou le LAAC, la septième exposition hors-les-murs aura lieu à Saint-Tropez cet été.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°504 du 22 juin 2018, avec le titre suivant : Le musée de Dunkerque en hibernation

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