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Le futur musée Napoléon d’Ajaccio veut attirer les croisiéristes

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 899 mots

AJACCIO

L’actuel musée installé dans l’hôtel de Ville va se redéployer largement dans le bâtiment en 2022, offrant une lecture plus consistante de l’histoire de l’empereur et de sa famille. Une façon d’inciter davantage de touristes à descendre des bateaux de croisière.

Ajaccio. En avril dernier, la municipalité d’Ajaccio présentait à ses administrés son projet de Palais Bonaparte Musée Napoléon, qui devrait voir le jour au tout début 2022, l’année suivant la ¬ commémoration de la mort de ¬l’empereur. « Les Ajacciens sont enthousiastes », se félicite Philippe Costamagna, conservateur des musées de la Ville. C’est que, si tout Ajaccio célèbre la famille Bonaparte à travers sa toponymie et ses lieux à visiter – Musée napoléonien de l’hôtel de ville, Musée national de la maison Bonaparte, Palais Fesch-Musée des beaux-arts, avec sa chapelle impériale – il n’existe pas, pour le moment, d’équipement faisant le lien entre ces éléments disparates.

« À Ajaccio, l’image de Napoléon est assez folklorique, résume Philippe Perfettini, chef du projet napoléonien de la ville et responsable de ses collections napoléoniennes. Napoléon III avait associé les visions politique, urbaine et économique autour de Napoléon Ier. Mais tout s’est effondré à son abdication. » Depuis 1843, date de la création du Musée du salon napoléonien de l’Hôtel de ville, des projets et quelques événements ont laissé espérer la mise en œuvre d’une vision plus large. En vain. Mais, « au fil des ans, le fantôme du musée napoléonien revenait, reprend Philippe Perfettini.Il a fallu batailler pour prouver que ce n’était pas un projet farfelu. Il a une logique historique et il doit valoriser l’existant. »

Dans un passé récent, Ajaccio a pu compter un tiers de sa population au-dessous du seuil de pauvreté et un chômage à 14 %. La municipalité en place a entrepris un gros chantier socio-éducatif autour de l’image de Napoléon. « Nous avons voulu que les Ajacciens soient conscients de l’intégralité de la trajectoire de cette famille, souligne Philippe Perfettini. C’est aussi le sujet du Palais Bonaparte Musée Napoléon : l’histoire de petites gens d’Ajaccio devenus une famille impériale, l’idée que tout est possible dans la vie. »

Mais il ne s’agit pas seulement de reconstruire une identité ajaccienne. Il faut aussi profiter de la manne touristique et offrir, notamment aux croisiéristes, une offre séduisante. En 2015, 600 000 personnes ont fait escale à Ajaccio pour la journée, à bord d’un paquebot à quai ou au mouillage.

La majorité des croisiéristes restent dans le navire
Dans leur rapport sur le projet du Palais Bonaparte, Philippe Costamagna, Philippe Perfettini et Marie-Laure Mattei Mosconi, secrétaire générale des musées de la Ville, précisent : « [Les] croisiéristes […] prennent peu d’initiatives, ils recherchent les excursions organisées par un tiers pour visiter la ville et les alentours [...]. De plus, seulement un tiers des croisiéristes descendent du navire en moyenne. » Or, Napoléon est l’un des personnages les plus connus au monde et, pour les étrangers du moins, le plus emblématique de la France. Il fallait trouver la solution pour faire sortir de leur bateau la plupart des croisiéristes en leur proposant une offre culturelle claire, une visite rapide de la ville impériale et une approche intelligente de la légende napoléonienne.

Ces vacanciers débarquent à la hauteur de l’hôtel de ville, près du square Campinchi où ont été fouillés les vestiges du quai Napoléon. L’hôtel de ville (qui abrite l’actuel musée napoléonien présentant les portraits de la famille impériale et un cabinet des médailles) borde ce square, mais ouvre sur la place Foch, de l’autre côté du bâtiment. En dehors de la mise en valeur des différents sites napoléoniens de la ville et de la redéfinition du balisage d’un circuit napoléonien, le projet de Palais Bonaparte Musée Napoléon prévoit de conserver le musée à l’intérieur de l’hôtel de ville. Une redistribution des espaces est prévue, le musée occupant le rez-de-chaussée – essentiellement dévolu à l’accueil du public et aux espaces de vente – et le premier étage. La mairie siégera au second étage.

Le bâtiment aura désormais deux accès, l’un sur la place Foch et l’autre sur le square Campinchi et des ouvertures sur la mer y seront pratiquées. Le musée, visitable en une demi-heure, présentera, sur 900 m2, environ 200 œuvres régulièrement remplacées appartenant déjà à la Ville d’Ajaccio ou prêtées, notamment par la Fondation Napoléon qui met à disposition l’ensemble de sa collection.« Nous voudrions faire vivre au public une visite telle qu’on en rendait, au Palais Bonaparte de Rome, à Madame Mère [Letizia Bonaparte, ndlr], au XIXe siècle, détaille Philippe Costamagna. Elle leur raconterait cette aventure napoléonienne que l’on verrait à travers les œuvres, des films comme celui d’Abel Gance et des animations multimédia. La visite se terminerait par ce film où l’on voit l’impératrice Eugénie, alors une très vieille dame, sourire à la caméra. »

Financièrement, l’enveloppe est raisonnable : 15 millions d’euros, dont 4 millions d’euros pour les outils de médiation multimédia. Philippe Costamagna a de l’ambition : il rêve « d’une porte monumentale pour l’entrée sur le square Campinchi, ainsi que d’un geste architectural entre le musée et le débarcadère, pour une meilleure visibilité de la ville ». Le conservateur envisage déjà « une sorte de ”Napoland” dans la citadelle, animé par du multimédia participatif haut de gamme où seront présentées par exemple les batailles d’Austerlitz et de Waterloo. Car il faut tout montrer de Napoléon, les qualités et les défauts ! »

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Le futur musée se déploiera dans l'hôtel de Ville d'Ajaccio qui accueille déjà un musée Napoléon. Ci-dessus la salle des mariages, photo : RMN/G. Blot

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Le futur musée Napoléon d’Ajaccio veut attirer les croisiéristes

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