PARIS
Une pétition en ligne a été lancée pour empêcher la vente à New York du Mahzor Luzzatto par l’Alliance israélite universelle.
L’Alliance israélite universelle, installée en France, veut se séparer du Mahzor Luzzatto, un livre de prières enluminé du XIIIe siècle, joyau de sa collection. L’organisation juive se dit en proie à des difficultés financières qui l’obligent à s’en séparer. L’argent ainsi obtenu (le lot est estimé entre 4 et 6 millions de dollars soit entre 3,4 et 5,1 millions d’€) lui permettra, selon elle, de poursuivre son soutien à l’éducation et son octroi de bourses aux familles les plus défavorisées.
Mais cette annonce a suscité une forte indignation de la part de la communauté juive et du monde de la recherche. Une pétition a été lancée à l’initiative du spécialiste des manuscrits hébraïques Michaël Sebban. Ses signataires demandent que l’ouvrage médiéval soit classé comme « œuvre d’intérêt patrimonial majeur ». Elle a reçu les signatures de nombreuses personnalités dont l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, le grand rabbin Alain Goldmann et la présidente du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme Dominique Schnapper.
Acquis en 1870 par l’Alliance israélite universelle auprès du savant italien Samuel David Luzzatto, le Mahzor est une pièce unique réalisée au XIIIe siècle, dont la particularité tient au très grand nombre d’enluminures qui le compose. Il revêt, selon la pétition, « une importance symbolique qui dépasse sa valeur vénale ».
L’ouvrage est précieusement conservé à la Bibliothèque de l’Alliance israélite universelle à Paris, la plus grande bibliothèque juive d’Europe. Michaël Sebban soutient dans un entretien accordé au journal Actualité Juive que la vente du Mahzor Luzzatto ne permettra pas sur le long terme de pallier les difficultés financières de l’Alliance et que la recherche d’autres solutions est à privilégier.
De leur côté, le président de l’Alliance Marc Eisenberg et son vice-président Roger Cukierman défendent leur décision en arguant que la survie de la bibliothèque dépend de cette vente. Ils ajoutent que le manuscrit n’a pu être présenté au public et consulté par des chercheurs qu’à de rares exceptions, car il est très difficile d’accès du fait de sa fragilité.
Marc Eisenberg soutient dans le journal Actualité Juive que si le manuscrit est acquis par un tiers, tel qu’un musée, cela permettrait de le montrer plus souvent que dans ses conditions actuelles de conservation (Il est conservé dans une entreprise d’archivage). Le Mahzor Luzzatto n’a été présenté au public qu’à deux reprises, à la Bibliothèque nationale de France en 1991 et lors d’une exposition au Musée des antiquités de Rouen en 2018.
Les dirigeants de l’Alliance ajoutent que l’État français a rejeté par le passé leur demande de classement du manuscrit comme « œuvre d’intérêt patrimonial majeur ». Ils se disent aujourd’hui ouverts à toute proposition qui permettrait de conserver le manuscrit sur le territoire national. La vacation est programmée le 19 octobre prochain à 11h.
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La mise en vente d’un rare manuscrit hébraïque suscite l’indignation
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