JÉRUSALEM / ISRAËL
Le musée L.A. Mayer contraint de vendre une partie de sa collection est sauvé in extremis par une fondation qatarie.
Le musée Leo Aryeh (L.A.) Mayer de Jérusalem, principal musée d’art islamique en Israël, avait suscité l’indignation après avoir tenté de vendre quelques 270 artefacts de sa collection lors d’une vente organisée par Sotheby’s. Justifiée par des difficultés financières dues à la crise sanitaire, mais fermement condamnée par des conservateurs et universitaires, la vente controversée n’aura finalement pas lieu : un accord passé mercredi 10 mars entre la Fondation Al Thani, financée par la famille princière qatarie, et le musée permet à ce dernier d’échapper à la crise financière tout en sauvant sa collection.
La Fondation Al Thani offre ainsi un soutien financier de dix ans au musée L.A. Mayer en échange du prêt, pour une durée équivalente, de l’un des objets de sa collection. Une cruche en argent du Xe siècle richement décorée, découverte dans le nord-est de l’Iran par le collectionneur d’art Ralph Harari, sera ainsi exposée à l’hôtel de la Marine à Paris, où la Fondation possède un espace d’exposition de plus de 400 m².
L’accord, facilité par Sotheby’s, a entraîné l’annulation de la vacation. La maison de ventes, moyennant de confortables indemnités, a accepté de renvoyer les objets, estimés à plusieurs millions de dollars, révèle Al-Jazeerah. Parmi les lots, on compte un casque ottoman du XVe siècle incrusté de calligraphies en argent, une coupe du XIIe siècle représentant un prince perse et une collection de montres anciennes, dont trois conçues par le célèbre horloger Abraham-Louis Breguet, collectionnées par la famille Salomons, fondatrice du musée.
Prévue initialement en octobre 2020 à Londres, la vente était suspendue depuis plusieurs mois sur décision de la Cour suprême israélienne, à l’initiative de la Fondation Hashava, organisation israélienne de prévention des vols d'œuvres d'art. Pour Meir Heller, son fondateur, cette vente représentait une « violation flagrante » des lois israéliennes régissant les musées et les antiquités, et se séparer de cette « collection rare et précieuse » aurait été une grande perte pour le public. Gidéon Avni, directeur de la section archéologie de l’Autorité israélienne des antiquités, avait quant à lui qualifié la vente du musée de « très inhabituelle et inquiétante », rapportait The Times of Israel.
L’initiative de la Fondation Hashava a obtenu le soutien du président israélien Reuven Rivlin et la ministre israélienne de la culture Hili Tropper. Tropper a par ailleurs salué la « générosité de la Collection Al Thani, grand hommage à l’esprit de coopération interculturelle ». Cette dernière a quant à elle déclaré qu'elle était « très heureuse de jouer un rôle dans la survie d'une institution unique qui fait une différence significative pour les communautés qui l'entourent ».
Israël et la Qatar n’entretiennent pas officiellement de relations diplomatiques, bien que les deux pays aient établi le contact depuis 1996. Cependant, la multiplication de leurs relations, qu’elles soient géopolitiques, avec un plan d’aide à la bande de Gaza financé par le Qatar ou culturelles, comme cet accord avec le Musée d’art islamique, est un signe manifeste de normalisation.
Le musée, nommé d'après Leo Aryeh Mayer, éminent spécialiste du Moyen-Orient, a été fondé à Jérusalem en 1974, sur l’initiative de Vera Salomons (1888-1969). Elle y expose la collection de son père, Sir David Salomons, fervent collectionneur d’art islamique et de montres Bréguet. Le musée, qui se veut un pont entre les cultures arabe et israélienne, abrite aujourd’hui des milliers d'objets d'art islamique du VIIe au XIXe siècle.
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Israël : une vente aux enchères controversée annulée grâce à la Fondation Al Thani
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