VERSAILLES
C’est avec du mobilier de l’impératrice Marie-Louise que la Maison de la reine du hameau de Marie-Antoinette, enfin restaurée, ouvre pour la première fois ses portes au public.
Versailles. Au cours des dernières années, la Maison de la reine était recouverte d’une bâche décorée par Dior, pour dissimuler les travaux en cours dont la marque de luxe était le mécène. Construite dans les jardins de Versailles par l’architecte Richard Mique entre 1783 et 1789 sur volonté de Marie-Antoinette, cette maison aux accents rustiques, qui fait partie du hameau où la souveraine aimait à renouer avec une vie (pseudo) rurale, était dans un piteux état. Conçue sans fondations, avec des matériaux fragiles, cette chaumière qui a fait l’objet de gros travaux dans les années 1930, puis 1950, avait beaucoup souffert de l’humidité. Au terme d’un nouveau chantier de restauration et de restitution, elle affiche aujourd’hui un petit côté flambant neuf.
Le parti pris de l’architecte en chef des Monuments historiques Jacques Moulin a été de s’inscrire dans les pas de son prédécesseur des années 1930, Patrice Bonnet, qui rendait à l’édifice ses dispositions du XVIIIe siècle en conservant quelques modifications datant du XIXe siècle. L’escalier hélicoïdal, détruit sous l’Empire, avait été restitué par Bonnet. S’enroulant autour d’un peuplier, il menaçait ruine et été reconstruit à nouveau par Jacques Moulin, autour d’un nouvel arbre.
Ouvrir la maison à la visite une fois les structures consolidées, tel était également le but du chantier. Les créneaux de visites guidées payantes (le lieu ne peut accueillir que dix-neuf personnes en même temps) ont déjà été pris d’assaut. Avant même que le site n’ouvre ses portes, le 12 mai, il était impossible d’effectuer une réservation avant le milieu de l’été. La maison n’a en effet jamais été ouverte au public et est fortement marquée par l’image de Marie-Antoinette « jouant à la bergère » dans ce décor pastoral avant que n’éclate la Révolution. Ce n’est cependant pas tant la figure de la célèbre guillotinée que les visiteurs sont invités à rencontrer dans la maison de la reine – dont l’intérieur luxueux tranchait avec l’extérieur champêtre – que celle de sa petite-nièce, l’impératrice Marie-Louise. De 1811 à 1813, la seconde épouse de Napoléon Ier a en effet fréquenté cette maison qui avait été vidée de ses meubles originels lors des ventes révolutionnaires. Pour elle, ce lieu a été à nouveau décoré et meublé.
Contrevenant à sa politique habituelle de remeublement, c’est cet état « Marie-Louise » que le domaine de Versailles a choisi de ressusciter, ne possédant aujourd’hui que peu de meubles de l’époque de Marie-Antoinette, et les présentant d’ailleurs dans d’autres espaces du palais. Il faut dire qu’une large part de ce mobilier Marie-Louise, qui a fait l’objet d’un inventaire précis, dormait quant à lui dans les réserves versaillaises ou dans celles d’instituions partenaires – telles le Mobilier national ou le Musée des arts décoratifs – qui ont pu concéder des dépôts. Dans la salle à manger, le boudoir ou le salon, ont été placés une table de jeu de tric trac en citronnier, un guéridon en bois d’amarante ou des chaises en forme de lyre livrés par l’ébéniste Jacob Desmalter en 1810.
Pour compléter ce beau mobilier de style Empire dont les lignes antiquisantes rappellent le style néoclassique en vogue sous Marie-Antoinette, quelques équivalences (objets de même style et de même époque) ont été installés, tel cet ensemble de canapés et de chaises ornés de palmettes à fleurons offert par la comtesse de Massa en 1965 à Versailles. D’autres encore sont des constructions modernes, tel ce billard en chêne construit en 2005 sur un modèle ancien. Les conservateurs ne cachent pas que le lieu reste fragile et que l’ouverture au public, même réduite, ne sera sans doute pas éternelle.
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La maison de la Reine meublée par l’Impératrice
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°502 du 25 mai 2018, avec le titre suivant : La maison de la Reine meublée par l’Impératrice