VILLE-D'AVRAY
Les travaux de sécurisation sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, faute d’accord avec la foncière qui va être expropriée.
C’est un caillou dans la chaussure du Centre des monuments nationaux (CMN), dont il a bien du mal à se débarrasser. Les travaux de sécurisation des étangs de Corot à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) se sont arrêtés en mai dernier. Le renforcement du second barrage de ce site classé prévoit en effet la construction d’un déversoir, qui empiète sur la propriété de la foncière immobilière Gecina. Alors que le CMN croyait à un accord à l’amiable au début de l’été, la foncière refuse de céder la parcelle de 500 m² nécessaire à la poursuite des travaux. La préfecture lance désormais une procédure d’expropriation.
Le site des étangs de Corot, qui alimente les fontaines du domaine de Saint-Cloud, a été confié au CMN en 2015. Après une étude des risques de débordement que pourrait causer un épisode pluvieux exceptionnel, réalisée à l’initiative de l’établissement, la préfecture a prescrit en 2018 des travaux de confortement des deux barrages du site classé.
Le chantier est l’un des plus importants en cours pour l’établissement : avec une facture de 11 millions d’euros, cette sécurisation coûte plus cher que la restauration de la Merveille du Mont-Saint-Michel ou que le nouveau parcours de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Intégralement pris en charge par le ministère de la Culture, ces travaux d’urgences ne pèsent pas sur les comptes du CMN, mais ils alourdissent le plan de charge de l’établissement, plus habitué aux restaurations patrimoniales qu’à la mise en sécurité d’ouvrages hydrauliques.
« C’est un projet qui est sur la voie de l’achèvement, dans les meilleurs délais », veut croire Vincent Berton, secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine. Lors d’un point presse tenu le 4 février dernier, ce dernier annonçait l’ouverture d’une enquête publique en mairie de Ville d’Avray, du 14 au 28 février prochains, préalable à une procédure d’expropriation de Gecina. « Cette solution est la plus sûre juridiquement, la plus sûre pour l’État », défend le secrétaire général.
La préfecture avait demandé le 5 janvier 2021 – trois mois après le début des travaux - une étude d’incidence portant sur le débit du futur déversoir en cas de fortes pluies, et ses conséquences sur les habitations et équipements situés en aval dont Gecina attendait les conclusions avant tout accord avec le CMN. Les résultats de l’étude n’ont à ce jour pas été rendus public. « On ne commence pas des travaux à 11 millions d’euros sans faire d’études préalables et sans demander l’autorisation des voisins », déplore Hélène Seychal, conseillère d’opposition à la mairie de Ville-d’Avray et déléguée départementale de l’association Sites et Monuments.
La préfecture fait quant à elle valoir la décision prise le 13 avril 2018 par la direction régionale de l’environnement, et qui dispensait le chantier d’une étude d’impact environnementale. « Nous avons demandé à ce que l’étude d’incidence aval figure dans le dossier de l’enquête publique, et cela devrait être le cas », promettait Aline de Marcillac, maire de Ville d’Avray, lors du conseil municipal tenu lundi dernier. À l’arrêt depuis huit mois, le chantier embourbé a profondément modifié le paysage bucolique des étangs de Corot, désormais vidés et envahis de végétation.
Contactée, la foncière immobilière Gecina a transmis la déclaration suivante :
« Le Groupe Gecina prend acte de l’ouverture prochaine d’une enquête publique concernant les travaux envisagés par le Centre des Monuments Nationaux (CMN) sur une parcelle dont il est propriétaire. Cette enquête publique permettra d’assurer l’information et participation de l’ensemble des parties prenantes sur ce projet.
Le Groupe est à la disposition du commissaire enquêteur et prévoit d’apporter sa pleine contribution. »
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Étangs de Corot : vers une expropriation d’un voisin
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €