VILLE-D'AVRAY
Les travaux sont reportés sine die, faute d’accord entre le CMN et la société foncière Gecina, voisine du site.
Ville-d’Avray. Un chantier lancé dans la précipitation : c’est l’impression laissée par la sécurisation des étangs de Corot à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine), entamée en novembre 2020. Sans étude d’impact préalable, les travaux ont également démarré sans prévoir l’élargissement de certaines conduites d’eau situées sur un terrain appartenant à la foncière immobilière Gecina. Gestionnaire des étangs et maître d’ouvrage du chantier, le Centre des monuments nationaux (CMN) n’a pas obtenu d’accord avec Gecina : le chantier à 11 millions d’euros est donc suspendu jusqu’à nouvel ordre.
L’annonce du chantier de sécurisation des deux digues – reclassées en barrage – des étangs de Corot avait suscité une forte opposition parmi les habitants de Ville-d’Avray comme chez les défenseurs du patrimoine et de l’environnement. La construction de déversoirs sur ces deux digues et l’abattage d’arbres sur la seconde digue avaient été dénoncés comme des interventions superficielles concernant la sécurité et destructrice pour ce site bucolique, classé depuis 1936.
La suspension du chantier est une « catastrophe annoncée, et pourtant alertée » selon l’association Sites et Monuments, représentée par Hélène Seychal, pour les Hauts-de-Seine, également conseillère municipale d’opposition à Ville-d’Avray. « On se retrouve désormais avec un déversoir inutilement surdimensionné au vieil étang et l’alignement d’arbres dévasté sur la digue de l’étang neuf, tout ça parce que le CMN et la préfecture ont voulu passer en force sans tenir compte de l’emprise du projet sur le domaine de la Ronce [propriété de Gecina] et sans en demander les autorisations », poursuit-elle. La nécessité d’élargir le ru situé sur le terrain de Gecina avait pourtant été signalée par la contre-expertise d’un ingénieur hydraulique dès octobre 2020, avant le début des travaux.
Philippe Bélaval, président du CMN, continue de défendre la pertinence de ces travaux, dont il rappelle l’objectif de mise en sécurité du site pour les habitants de Ville-d’Avray « qui aurait dû faire consensus ». Il évoque aussi un chantier pressé par « préfet et ministres », dont les travaux ont été lancés en vitesse sans l’accord des autres parties prenantes : un accord a ainsi dû être trouvé en urgence avec la société Orange durant le chantier, dont les installations traversent la seconde digue.
« Ce n’est pas une situation agréable pour le CMN, explique son président, nous avons l’habitude de mener des chantiers convenablement, dans des délais respectueux. Ici, nous sommes pris en défaut, alors qu’on nous a demandé de mener ce chantier à bride abattue. » Le CMN a reçu la gestion des étangs en 2015, au titre de son rattachement au domaine de Saint-Cloud, héritant d’un site non entretenu depuis plusieurs décennies.
« La responsabilité fiduciaire du groupe Gecina nous oblige à examiner toutes les conséquences avec soin et à lever, entre autres, tout risque juridique dans le cadre des travaux envisagés par le CMN », a fait savoir la foncière dont l’accord est nécessaire à la poursuite des travaux. De son côté, Philippe Bélaval veut « croire qu’il y aura un accord avec Gecina ».
Simple contretemps ou vrai coup d’arrêt ? Cet épisode apporte en tout état de cause du crédit aux opposants au projet, qui continuent de dénoncer un chantier démesuré et inadapté au site.
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Le chantier des étangs de Corot suspendu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Le chantier des étangs de Corot suspendu