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En souvenir de Marisol

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 23 mai 2023 - 426 mots

Chicago -  De passage à Chicago, au beau milieu de ses gratte-ciel vertigineux, nous avions envie de savoir à quoi ressemblait un restaurant de musée dans cette ville fantastique.

Celui du Musée d’art contemporain (MCA), à notre étonnement, était ouvert le soir : une table qui ne se contente pas de la clientèle « captive » des visiteurs du musée est forcément intéressante. Le Marisol, qui emprunte son nom à l’artiste Marisol Escobar (née à Paris en 1930, et décédée à New York en 2016), est même en tous points un modèle. D’abord, parce qu’un vrai chef y officie : Jason Hammel s’est fait connaître en tant que pionnier du mouvement « farm to table » (du producteur au consommateur) et son Lula Cafe, dans le secteur de Logan Square, et a été remarqué par le Michelin. Sa cuisine, à la fois simple et sophistiquée, est pour tout dire assez renversante. Comme cette entrée à base de carottes et d’ails confits, posés en couronne sur un lit de sauce au yaourt saupoudrées de sumac, avec une pointe de moutarde et un semis de pistaches. Ou cette assiette de gnocchis à la ricotta liés par une sauce acidulée à un méli-mélo de chou-fleur, de pommes et de noisettes… La carte, très alléchante, comporte aussi un burger raffiné servi avec une sauce « secrète », de grandes salades composées et plusieurs plats classiques revisités, des moules au vin blanc à la bavette de bœuf, agrémentés d’épices exotiques, de champignons asiatiques (comme le maitake) ou de rondelles de saucisses de porc calabraise (nudja). Signe que le menu s’adresse à de vrais gourmets, les portions y sont raisonnables, ce qui change des assiettes surchargées, de rigueur dans la plupart des restaurants américains. L’autre point fort du lieu est d’avoir passé commande au peintre Chris Ofili (lauréat du Turner Prize en 1998) d’une œuvre in situ. Son vaste mural coloré, le Sorceress’ Mirror, forme une arche dans le fond de la salle-à-manger privée, auxquels font écho des motifs floraux dessinés sur les murs et les fenêtres. Le mobilier évoque celui d’un bistrot élégant dont l’espace se prolonge en trompe-l’œil dans une grande glace latérale qui le dédouble. Le service – ajoutez au minimum 20 % à l’addition – est empressé et charmant. Le Marisol dispose aussi d’un grand bar en marbre noir où siroter un cocktail maison. On ne saurait trop recommander le Six Women, à base de Vermouth, baptisé en hommage à la sculpture dont la Vénézuelo-Américaine Marisol fit don au MCA en 1968. Ce fut l’une des premières œuvres à entrer dans les collections permanentes du musée…

Marisol,
205, East Pearson Street, Chicago (États-Unis). À la carte, compter environ 70 dollars pour le dîner. marisolchicago.squarespace.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°765 du 1 juin 2023, avec le titre suivant : En souvenir de Marisol

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