D’abord envisagés à l’aune de l’accès à la culture, les droits culturels dans le monde ont évolué pour s’attacher à la question de la reconnaissance des identités et de la diversité culturelle.
Droits culturels. Bien que n’ayant qu’une portée déclarative, la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) affirme l’existence de droits culturels compris comme un droit d’accès à la culture universelle. L’assemblée générale des Nations Unies proclame ainsi que « toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ». Intégrant en outre l’idée de participation et de recueil par les créateurs du fruit de leur travail, ce texte se révèle plus complet que le simple « accès à » du préambule de la Constitutions française de 1946. On retrouve une approche similaire dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) adopté en 1966 qui constitue alors le premier instrument international contraignant à mentionner les droits culturels.
Dans les années 1960, l’émergence sur la scène internationale d’États nouvellement indépendants modifie les équilibres des organisations multilatérales. Au sein de l’Unesco, ces nouveaux membres appellent à faire de l’organisation « un instrument de décolonisation culturelle ». Sous l’influence de paradigmes marxistes et multiculturalistes, les notions de diversité et d’identité culturelle concurrencent l’impératif de démocratisation culturelle désormais considéré comme paternaliste et vecteur de la domination de la culture bourgeoise. La politique culturelle ne doit plus avoir pour objet d’apporter la culture à ceux qui en étaient privés, mais de reconnaître les cultures, « la culture au pluriel » selon l’expression du philosophe Michel de Certeau.
À une conception universaliste de la culture se substitue la volonté de promouvoir les identités culturelles et de protéger les cultures traditionnelles, minoritaires ou autochtones. C’est cette vision que développe Claude Lévi-Strauss dans Race et Culture (1971), ouvrage que lui commande l’Unesco : contre un universalisme abstrait, chaque société, chaque culture a le droit de protéger son individualité. Il juge admis un certain isolement et repli sur soi, dans la mesure où ils permettent d’enrayer le processus d’uniformisation culturelle issu de la mondialisation.
Un relativisme culturel se fait jour qui s’incarne dans le concept de « diversité culturelle » retenue par l’Unesco lors de la Conférence mondiale sur les politiques culturelles de Mexico (1982) et dans la Déclaration universelle sur la diversité culturelle (2001). En 2005, une Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005) est adoptée avec le soutien de la France. Fruit du travail d’un groupe d’experts internationaux conduit sur plus de vingt ans, la Déclaration de Fribourg (2007) énumère l’ensemble des droits culturels reconnus, bien que dispersés dans différents instruments. Ce texte retient également une définition large de la culture fondée sur les notions de diversité et d’identité culturelles, au risque cependant d’une dilution et d’un affaiblissement des droits culturels en tant que possibilité pour tous d’accéder à la culture.
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Du « droit à la culture » aux « droits des cultures »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Du « droit à la culture » aux « droits des cultures »