Musée

Des musées évidemment écologiques

Par Isabelle Manca · Le Journal des Arts

Le 9 mai 2019 - 464 mots

En se positionnant ouvertement sur des enjeux liés au développement durable, les muséums de nouvelle génération se doivent de donner concrètement le bon exemple, notamment à travers la gestion de leur chantier de rénovation..

Responsabilité environnementale. Ce n’est pas un mince défi pour ces nouveaux lieux que de devoir concilier certains de leurs impératifs avec l’écologie ; à commencer par la conservation de collections particulièrement fragiles qui nécessitent des conditions hygro-climatiques rigoureuses et par conséquent énergivores. « C’est un sujet très compliqué et nous avons essayé d’y apporter un soin particulier en utilisant des matériaux moins “impactants” et en essayant de rester le plus sobre possible sur les éléments que nous pouvions maîtriser, souligne Laure Danilo, conservatrice du Muséum d’Orléans pour la biodiversité et l’environnement. En revanche, nous avons dû clairement faire des compromis pour que ces choix environnementaux n’aient pas d’incidence sur la conservation des collections. C’est une espèce d’entre-deux permanent pour conjuguer la préservation des collections et incarner le discours que nous portons. »

Pour les muséums installés dans des édifices patrimoniaux, et donc protégés, la situation relève parfois de la quadrature du cercle. Initialement, la rénovation du Muséum de Bordeaux prévoyait l’installation de panneaux solaires en toiture. Or ce choix, soutenu activement par la municipalité qui voulait faire de ces travaux un chantier exemplaire, a été retoqué par la direction régionale des Affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine, l’établissement étant installé dans un beau bâtiment du XVIIIe siècle protégé au titre des monuments historiques. Cette contrainte, conjuguée à d’autres problématiques liées au site, a toutefois eu un effet vertueux car les équipes ont dû faire preuve d’inventivité face à un autre obstacle : le réseau d’assainissement qui passe sous l’établissement. Ce voisin encombrant s’est in fine révélé un atout inattendu car ces égouts, à température constante autour de 14 °C, ont été judicieusement exploités pour récupérer les calories nécessaires au fonctionnement d’un système de thermofrigopompe. « Aujourd’hui cet équipement nous permet d’assurer le chauffage et la climatisation du bâtiment en totalité et de réduire de 75 % nos émissions de CO2. Malgré un investissement important, nous estimons que l’amortissement se fera au maximum sur quinze ans, précise Nathalie Mémoire, directrice du Muséum de Bordeaux. C’est très intéressant car avec ce système nous mettons véritablement en œuvre les préconisations environnementales, qui sont au cœur de notre projet scientifique et culturel. »

Le cas bordelais est en effet exemplaire dans la prise en compte des enjeux écologiques, à la fois dans sa construction et son fonctionnement. Car outre ce système ingénieux de récupération des calories, le Muséum a misé sur une isolation importante du bâti et de la toiture ; par ailleurs la verrière a été supprimée, tandis que les fenêtres et les cloisons ont été doublées afin de garantir la stabilité thermique du bâtiment. Un unicum pour l’instant en France.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°523 du 10 mai 2019, avec le titre suivant : Des musées évidemment écologiques

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