Climat social tendu dans des musées de Besançon

Un reportage de la chaîne France 3 Bourgogne Franche-Comté a révélé une grève le 12 avril dans les Musées d'art et du temps (MAT) de Besançon qui emploient 90 personnes. Selon l'intersyndicale SUD/FO, plusieurs alertes et témoignages avaient été portés à la connaissance du directeur général des services “depuis novembre 2023” concernant le management de la directrice des musées nommée en avril 2023, Laurence Madeline. L'intersyndicale et le personnel parlent notamment de “souffrance au travail” et “d'arrêts maladie qui se multiplient depuis un an”.

Les personnels reprochent à la directrice des méthodes de management “inadaptées” et des décisions “autoritaires”. Laurence Madeline a une carrière bien remplie ponctuée de quelques ennuis : elle a été en poste au Musée Guimet, au Musée d’Orsay, au Musée Picasso et au Musée d'art et d'histoire (MAH) de Genève. Elle avait ainsi dû quitter ses fonctions de responsable du pôle beaux-arts au MAH en 2017 : la presse suisse francophone évoquait “des burn-out” parmi le personnel et une série de “plaintes collectives” contre elle. Son passage au Musée d'Orsay où elle a été conservatrice en chef de 2007 à 2011 avait également été quelque peu mouvementé.

Laurence Madeline est donc arrivée à Besançon précédée d'une réputation difficile, qu'elle n'a pas cachée selon le directeur de la communication de la Ville de Besançon Stéphan Raphaël. Celui-ci pointe cependant un reportage à charge de France 3, et précise que “le travail sur la situation de mal-être des agents était déjà en cours depuis plusieurs semaines”. Il reconnaît que “la surcharge de travail dans les musées est réelle mais elle ne date pas de l'arrivée de Laurence Madeline” : les musées ont notamment beaucoup développé les actions de médiation ces dernières années, ce qui représente une charge de travail supplémentaire. Il signale que des rencontres entre la municipalité et les agents se sont déjà tenues et qu'il en ressort “un manque de reconnaissance du travail dans les musées, et des reproches sur la lenteur de réaction de la municipalité”.

Il annonce un allègement de la programmation des musées jusqu'à 2026 d'un commun accord, notamment une potentielle exposition de dessins de Courbet annoncée pour l'automne 2024 “sans concertation” selon SUD et FO. Stephan Raphaël précise que l'idée de l'exposition venait d'une découverte de dessins dans des archives, et que le projet avait été abandonné après discussion avec le Comité de direction des musées. Il n'y aura donc qu'une seule grande exposition par an.
 
Les agents et les deux sections syndicales évoquent en outre le détournement des moyens des musées à des fins personnelles par la directrice, accusations largement reprises dans la presse locale. Stephan Raphaël explique qu'il y a eu une enquête administrative à ce sujet, et que dans le rapport qu'il a remis à la municipalité il proposait “un rappel à l'ordre” de Laurence Madeline, sans sanction : il estime que l'affaire a été montée en épingle. Enfin il annonce que pour “débloquer la communication entre les parties” un cabinet externe va intervenir à partir du 2 mai avec l'accord de Laurence Madeline et du comité de direction des musées. Stephan Raphaël dit comprendre que les agents aient voulu “médiatiser leur action du 12 avril” mais regrette que l'affaire ait pris de telles proportions.

Le Musée des beaux-arts et d’archéologie et le Musée du Temps ont récemment changé d’identité pour devenir les Musées d’art et du temps.