Caravage reposera très prochainement dans sa dernière demeure

Le 18 juillet 2014 va être inauguré à Porto Ercole, en Toscane, le Parc Monumental Funéraire dédié à Caravage. Le projet est porté par Silvano Vinceti, président de la Fondation Caravage et « découvreur » de restes de l’artiste en 2010. Le Parc se situe à l’emplacement de l’ancien cimetière de San Sebastiano, où le Caravage avait été enterré en 1610. Le terrain, qui n’est plus un cimetière, est aujourd’hui municipal et appartient à la mairie de Monte Argentario. Le Parc Monumental Funéraire dédié à Caravage a été financé par la Fondation Caravage, dont Silvano Vinceti est président, et la mairie de Monte Argentario, pour un coût global de 65 000 euros.

Les restes du Caravage vont être conservés dans une arche monumentale en travertin de couleur ambré. L’arche, due au sculpteur Giuseppe Conte, va être surmontée d’une corbeille de fruits en céramique polychrome s’inspirant de la célèbre nature morte du Caravage. Le Parc, dessiné par Silvano Vinceti « comme un hymne à la beauté en hommage à l’artiste qui nous en a tant donnée » s’articule comme un parcours de couleurs et odeurs, composé uniquement de plantes méditerranéennes. Autour du tombeau, explique Silvano Vinceti, des jasmins sont plantés en cercle, symbole magique à la Renaissance ; sur les côtés de l’arche monumentale, des plantes rappelant les couleurs de la première palette de l’artiste, « le Caravage clair » et, au pied du tombeau, du romarin, de la lavande et de la réglisse. « Le lieu, riche en couleurs et odeurs, est conçu comme un hommage joyau, et non pas triste, au Caravage ». Pour cette raison Silvano Vinceti souhaite sonoriser le Parc avec l’Hymne à la Joie de Beethoven.

Les travaux du Parc Monumental Funéraire dédié à Caravage ont commencé le 30 juin dernier, et l’inauguration est prévue pour le 18 juillet 2014, date de l’anniversaire de la mort du Caravage. Au cours de l’inauguration, les restes de l’artiste seront déposés dans le tombeau. Une exposition retraçant les phases de la découverte du Caravage sera également présentée. Le soir sont prévues des conférences, un concert et l’inauguration des effets de lumière du Parc. Le Parc Monumental Funéraire Caravage sera en effet ouvert gratuitement en permanence et en accès libre.

Silvano Vinceti a indiqué au Journal des Arts que le projet du Parc Monumental Funéraire Caravage s’insère dans un plus vaste programme à vocation touristique « qui veut faire de Porto Ercole la ville du Caravage. »

Dans les deux années qui suivent, l’exposition sur la découverte du corps du Caravage va être pérennisée et exposée au Forte Stella. La Fondation Caravage, actuellement abritée à la Mairie, trouvera son siège dans une ancienne école primaire, où sera créée par ailleurs un centre dédié à l’œuvre du Caravage, proposant des reproductions en haute définition des œuvres de Merisi (1) avec un hologramme d’un acteur jouant le rôle du Caravage qui s’adresse aux visiteurs.

404 ans après sa mort, le Caravage reposera ainsi dans le lieu de sa première sépulture. Le 18 juillet 1610 le Caravage mourait, malade, dans l’hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice. Le certificat de décès de l’artiste a été découvert en 2001. Silvano Vinceti, personnalité très discutée dans le monde scientifique, surnommé « le détective de la Renaissance », qui s’intéresse notamment à l’identification de La Joconde de Léonard, a voulu retrouver les dépouilles mortelles du Caravage. En 2009 des scientifiques de quatre universités italiennes (Bologne, Pise, L’Aquila, Lecce), coordonnés par Giorgio Gruppioni, professeur d’anthropologie à l’université de Bologne, ont prélevé les ossements de la crypte de l’actuel cimetière de Porto Ercole. Ces ossements provenaient de l’ancien cimetière de San Sebastiano. En 1956 le cimetière de San Sebastiano avait été en effet désaffecté. Selon Silvano Vinceti, les sources documentaires concernant l’ancien cimetière révèlent qu’il était géré par une confrérie (association caritative de la période moderne), la confraternita di Santa Croce, qui prêtaient secours aux infirmes et notamment aux étrangers. Apparemment, entre 1600 et 1627, seuls 48 personnes ont été enterrés dans le cimetière de San Sebastiano. Parmi celles-ci, le Caravage, qui était étranger et malade.

L’équipe de scientifiques, suite à l’exhumation des ossements, a procédé en 2010 aux analyses ADN et au carbone 14 pour identifier les restes du Caravage. Les chercheurs ont identifié la partie frontale du crâne, la mâchoire, le fémur et un fragment du sacrum comme étant des os de Merisi avec une certitude de 85 %. Ces os appartenaient en effet à un homme de 38-40 ans, mort vers 1610. La cause de la mort serait une insolation, en sachant que le Caravage souffrait déjà de paludisme, de syphilis et de saturnisme. Outre les analyses sur les os, des analyses sur les possibles descendants de l’artiste ont été conduites à Caravaggio, dans sa ville natale en Lombardie.

Les restes du maître du clair-obscur avaient été exposés en juillet 2010 au Forte Stella de Porto Ercole et ensuite dans sa ville, à Caravaggio.

Selon Silvano Vinceti, lors de l’exhumation des ossements du cimetière de San Sebastiano en 1956, deux des personnes présentes témoignent avoir vu l’une des dépouilles exhumées recouverte d’un manteau des Chevaliers de Malte avec une pierre portant le nom du peintre. Le témoignage confirmerait donc la première sépulture du Caravage dans le cimetière de San Sebastiano, où aujourd’hui le monument est érigé.
Pour Silvano Vinceti « à la lumière du croisement entre les données scientifiques, historiques, documentaires et les témoignages, il n’y a plus de doutes sur découverte des restes du Caravage. »