Jadis (c’était avant le Covid), les foires, impérieuses et en trop grand nombre, mécontentaient de plus en plus de monde, à commencer par les marchands obligés de composer avec leurs exigences.
La crise, qui a mis à l’arrêt tout le secteur de l’événementiel pendant de longs mois, a rebattu les cartes : les foires sont en ce moment en grande difficulté. Un exemple. Dans les meilleures années de la Fiac, à Paris, il pouvait y avoir une dizaine de salons satellites ; aujourd’hui, en dehors de la Moderne Art Fair (ex-Art Élysées), qui cultive un positionnement spécifique, il ne reste que quelques salons mineurs. Galeristes a jeté l’éponge, et qui se souvient de Show Off, Cutlog, Slick, YIA… ? RX France (ex-Reed), l’organisateur de la Fiac, doit lui-même tailler dans ses effectifs pour espérer retrouver l’équilibre financier. Sans parler de la maison mère d’Art Basel obligée d’appeler à son secours le fils du magnat Rupert Murdoch, ou du Syndicat national des antiquaires qui tente un baroud d’honneur avec « La Biennale ». Crise conjoncturelle ou structurelle ? Un peu des deux, le confinement est une parenthèse et les acheteurs et visiteurs ont toujours envie de ces grands-messes. Mais d’un autre côté, avec la montée en puissance du numérique, les foires vont devoir s’adapter.
Une direction qui avait été prise avant le Covid et qui va s’accélérer dans le futur est l’« événementialisation » des foires afin d’en faire des moments encore plus récréatifs : performances, conférences, spectacles, activités pour les enfants, mais aussi restauration et autres lieux de convivialité. À cet égard, le Grand Palais et plus encore le Grand Palais éphémère manquent cruellement d’espace pour assurer aux visiteurs une expérience satisfaisante.
À côté des VIP acheteurs qui font le succès commercial des exposants et pour lesquels les organisateurs sont aux petits soins, se développe un deuxième public de visiteurs peu ou pas collectionneurs, public appelé à prendre de plus en plus d’importance. Avec des tickets d’entrée à 40 euros pour la Fiac (comme à l’Armory Show à New York) ou 60 euros à Art Basel voire 280 euros (pour les journées dites « preview ») pour Frieze London, les recettes de la billetterie vont devenir essentielles dans le modèle économique des foires. Mais à ce niveau de prix-là, les visiteurs exigent une expérience totale et divertissante et pas simplement des alignements de tableaux et sculptures que l’on trouve pour bien moins cher dans les musées.
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Très chères foires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : Très chères foires