FRANCE
Le patrimoine et les arts plastiques dépendent plus de leur environnement qu’ils ne l’affectent.
Après avoir plus ou moins pris conscience de son utilité relative pendant le confinement (les Français ont consommé plus de séries Netflix que vu d’opéras sur Arte), le monde culturel – toujours un peu narcissique – voudrait croire à son poids économique.
On cite à l’envi les chiffres flatteurs de France Créative : 1,3 million d’emplois et un chiffre d’affaires de 91 milliards d’euros. En réalité, on mélange un peu tout pour paraître plus gros qu’on ne l’est. Ainsi le ministère de la Culture, dans un rapport du Département d’études de la prospective et des statistiques 2019, divise par deux les masses et retient plutôt les emplois principaux (635 000 personnes) et la valeur ajoutée (47,5 milliards d’euros). Ces chiffres agrègent, par ailleurs, des secteurs fort différents : les musées, les arts plastiques, le spectacle vivant, mais aussi les séries télévisées, les jeux vidéo, l’architecture et même les agences de publicité. Le patrimoine et les arts visuels (dont le design) ne pèsent que 8,1 milliards d’euros en valeur ajoutée, un peu plus que le spectacle vivant (6,9 Md€). Ce n’est pas rien, mais l’effet d’entraînement sur l’économie est moindre que celui du tourisme ou de la restauration.
Une autre façon de voir les choses est suggérée dans le rapport du DEPS qui distingue le secteur marchand du secteur non marchand lequel est largement financé par des fonds publics. Les galeries relèvent du premier, tandis que les musées, sites patrimoniaux, Frac et centres d’art appartiennent au second. Ainsi ces derniers par exemple – hors Palais de Tokyo et Jeu de paume – dépendent à 98 % de l’argent public.
Le secteur non marchand ne détruira pas d’emplois directs, protégés par leur statut ou les dotations et subventions de l’État et des collectivités territoriales qui seront globalement maintenues, même si, ici ou là, il y aura des tensions. En revanche, la chute du tourisme étranger affectera pendant longtemps leurs recettes propres et donc leur création de valeur. Les recettes des galeries, qui ne sont pas des commerces de « première nécessité », reposent par nature sur leurs ventes, lesquelles sont indexées sur la bourse, la confiance des collectionneurs, bref la situation économique générale.
En définitive, même si l’économie de l’offre compte dans la relance, le patrimoine et les arts plastiques dépendent plus de leur environnement qu’il ne l’affecte. En supposant bien entendu qu’il n’y ait pas de seconde vague pandémique et que les contraintes sanitaires soient vite levées.
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Quelle sera la part de la Culture dans la relance économique ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°548 du 19 juin 2020, avec le titre suivant : Culture et relance économique