FRANCE / ETATS-UNIS
La valeur ajoutée de la culture a moins augmenté en 2016 que celle de l’ensemble de l’économie, contrastant avec la situation aux Etats-Unis.
France. En janvier 2014, Aurélie Filippetti avait tenu à commenter elle-même un rapport conjoint du ministère de la Culture et de Bercy sur le poids éminent de la culture en France, équivalent à celui des « industries agroalimentaires et [de l’]agriculture ». Quatre ans plus tard, c’est presque en catimini que le Département des études, de la prospective et des statistiques livre ses derniers chiffres sur l’année 2016. Et pour cause, si la valeur ajoutée des activités culturelles a augmenté de 0,6 %, c’est moins que l’ensemble de l’économie (1,3 %), de sorte que le poids de la culture a encore baissé de 2,25 % à 2,23 %. « Encore », car la baisse est ininterrompue depuis 2003, lorsque sa part était de 2,5 %. En 2016, la valeur ajoutée de la culture est de 44,5 milliards d’euros quand celle de l’ensemble de l’économie est de 1 992,3 milliards d’euros . Par valeur ajoutée, il faut entendre le chiffre d’affaires moins les coûts pour les activités marchandes et les seuls coûts pour les activités non marchandes. La production totale s’établit à 88,1 milliards d’euros, un chiffre assez proche du rapport rédigé par France Créative en 2015 mais très en dessous des 152 milliards d’euros de Tera Consultants en 2011. Les différences s’expliquent par le périmètre pris en compte.
Deux facteurs participent de cette baisse, explique Tristan Picard, l’auteur du rapport. Un facteur structurel avec les difficultés récurrentes de la presse. En vingt et un ans, la valeur ajoutée de la presse est passée de 7,2 à 5,3 milliards d’euros, baissant de 4 % en 2016, la plus forte baisse des neuf secteurs analysés. S’ajoute un facteur conjoncturel avec les attentats qui ont affecté les entrées dans les musées, lieux patrimoniaux et salles de spectacle. C’est grâce au jeu vidéo (+ 20 %), aux productions télévisuelles, au design (+ 9,6 %) et à la partie création des agences de publicité que la culture continue à croître. Même la musique, après des « années noires », retrouve le chemin de la croissance (+ 5,4 %).
Ce qui est inquiétant dans cette baisse relative, c’est que la situation diffère aux États-Unis. Le Bureau of Economic Analysis (BEA) et le National Endowment for the Arts (NEA), l’agence que Trump rêverait de voir disparaître, viennent de publier des statistiques qui montrent que la valeur ajoutée de la culture en 2015 y a progressé de 4,9 % pour s’établir à 763 milliards de dollars, soit 4,2 % de l’ensemble de la valeur ajoutée de l’économie, un poids presque deux fois supérieur à celui de la culture en France. Il faut cependant prendre ces chiffres avec des pincettes, le NEA prend en compte des activités, comme la distribution, écartées en France. Mais si l’on s’en tient aux seules évolutions de 2014 à 2015 (les chiffres américains s’arrêtent à 2015), la culture a donc augmenté de 4,9 % aux états-Unis et de 1,4 % en France. Même si la comptabilisation de la culture est, de part et d’autre de l’Atlantique, entendue en un sens très large, une fois encore les états-Unis ne sont plus et depuis longtemps des terres incultes, comme on se plaît parfois à les brocarder.
Tableau valeur ajoutée de la culture en 2016 en milliards d'euros - Source : Insee, DEPS
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Le poids de la culture a baissé en 2016 en France
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°497 du 16 mars 2018, avec le titre suivant : Le poids de la culture a baissé en 2016 en France