Mercredi 7 janvier, la rédaction de L’Œil a été touchée dans son cœur à trois reprises.
DANS NOTRE CŒUR DE CITOYENS. Des hommes et des femmes ont été exécutés froidement pour avoir défendu ou représenté les valeurs de la République, dans une folie meurtrière qui devait malheureusement emporter d’autres citoyens dont le seul « crime » aura été de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
DANS NOTRE CŒUR DE JOURNALISTES. Nous n’oublions pas que l’hebdomadaire Charlie Hebdo est né d’un refus : celui de la censure. Le 16 novembre 1970, après la mort du général de Gaulle, le journal Hara-Kiri titrait : « Bal tragique à Colombey : 1 mort », ce qui avait eu pour conséquence l’interdiction du journal. Mais l’équipe réagit et créa immédiatement Charlie Hebdo. Ainsi, nous n’oublions pas ce que nous devons à Cabu et à Wolinski, deux fondateurs du premier Charlie, comme à Charb, Tignous et Honoré, qui ont épousé leur cause, au nom de la liberté d’expression, celle de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Cette liberté d’informer, de commenter et de critiquer, nous la défendons à L’Œil, et nous continuerons de le faire en toute indépendance.
DANS NOTRE CŒUR D’ALLIÉS DE L’ART ET DES ARTISTES. Depuis le 7 janvier, il manque cruellement un mot à l’article 11 : créer. Car Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski étaient avant tout des dessinateurs incroyables. Il faut d’ailleurs rendre hommage à Philippe Honoré, lequel, ayant pour signature le prénom de Daumier, illustre père du dessin de presse, parvenait par son style unique et virtuose, avec une économie de moyens étonnante, à faire vivre une expression graphique héritée de la gravure sur bois. C’est donc aussi à la liberté de création que l’obscurantisme de l’islam radical s’en est pris mercredi 7 janvier.
Hier, et pour d’autres raisons, c’était au plasticien Paul McCarthy et au metteur en scène Brett Bailey que la censure s’en prenait. Aujourd’hui, ce sont les dessinateurs que l’on assassine. Et demain ? À L’Œil, au nom de la liberté de créer que nous défendons, nous sommes et NOUS RESTERONS CHARLIE.
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Nous sommes Charlie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Nous sommes Charlie