Métavers, le dilemme

À dire vrai, le débat sur le Métavers intéresse peu la place publique. Pour preuve : le gouvernement en est à peine à commander un rapport sur le sujet. Pourtant les enjeux sont considérables. D’un côté, il s’agit ni plus ni moins que de la troisième génération d’Internet ; de l’autre, de la santé mentale et du vivre ensemble de milliards d’humains. Doctolib, Blablacar, Deezer facilitent sans conteste la vie au quotidien. Mais quid des réseaux sociaux et des jeux vidéo, dont les pratiques addictives peuvent avoir des conséquences désastreuses : rejet de la lecture au-delà de 140 caractères, enfermement dans sa communauté de pensée, éloignement de la réalité, désocialisation ? Ce n’est rien à côté du Métavers qui propose aux humains de passer une bonne partie de la journée avec un casque-lunettes vissé sur le crâne pour vivre dans un monde virtuel tel que celui du film Avatar.

Les rares spécialistes qui comprennent quelque chose au sujet ont beau jeu de montrer du doigt les déconvenues récentes de cet écosystème. Facebook rebaptisé Méta va licencier 11 000 salariés en raison d’investissements trop lourds et peu rentables, tandis que le marché des cryptomonnaies, qui aimerait bien faire sa loi dans cet univers « méta », s’est effondré depuis le crack du Bitcoin et des autres monnaies du même type. En avril dernier, celui-ci a entraîné dans sa chute de nombreuses entreprises, dont tout récemment FTX, la plateforme d’échange de cryptomonnaies. Plus près de notre ligne éditoriale, selon le site DrappRadar, le marché des NFT a chuté, lui, de 75 % au second trimestre par rapport au trimestre précédent.

Une façon de sortir de ce dilemme pourrait être d’investir dans les briques technologiques qui sous-tendent le Métavers mais qui peuvent avoir d’autres débouchés (comme le recommandent les auteurs du rapport précité). Et, en même temps, constituer un groupe de réflexion pluridisciplinaire qui commanderait des études prévoyant les multiples conséquences de ce monde immersif sur le devenir de l’homme et de l’humanité, et mettre en place au plus vite des programmes d’éducation et de sensibilisation auprès des jeunes.