Avec beaucoup de réalisme, le rapport Lescure sur le numérique valide le seul modèle qui tienne depuis les débuts du commerce : le paiement à la consommation. En rejetant l’idée d’une licence globale qui aurait permis de télécharger n’importe quel film, musique, livre ou jeu vidéo en contrepartie d’une augmentation de quelques euros de l’abonnement Internet, il garde ce lien direct indispensable à la création entre artiste et consommateur. Concernant le piratage, il confirme ce que tout le monde (ou presque) pense : « C’est avant tout la qualité de l’offre légale qui incitera les publics à délaisser les pratiques illicites. » Aussi pour aider les industries culturelles à améliorer leur offre numérique, il propose une taxe « d’environ 1 % » sur les smartphones et autres tablettes connectés, dont les recettes alimenteraient un fonds de soutien. Une taxe supplémentaire ? Cela va naturellement provoquer quelques remous et puis une fois mise en place, tout le monde va l’oublier comme la rémunération pour copie privée (RCP), cette taxe sur les clés USB ou CD-Rom qui date de 1985 et rapporte tout de même 180 millions d’euros. Enfin s’agissant d’Hadopi, le rapport propose habilement de jouer sur les symboles (suppression de l’institution, allégement des sanctions pour téléchargement illégal) tout en conservant le principe de la riposte graduée et notamment l’envoi des
e-mails dont pourtant Aurélie Filippetti ne voulait surtout pas. Alors qu’Hadopi avait cannibalisé le débat sur la culture pendant la campagne présidentielle, aujourd’hui la proposition d’en garder une partie de son dispositif n’agite pas les foules. En témoigne le forum Internet ouvert par la mission Lescure qui n’a enregistré que 250 commentaires dont seulement quinze sur la rubrique « piratage ». Il n’est pas certain cependant que le Parlement, si les mesures prises relèvent de la loi, ne relance pas le débat.
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Hadopi 2.0
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°392 du 24 mai 2013, avec le titre suivant : Hadopi 2.0