Musées. Une tempête s’est abattue sur le British Museum depuis la révélation du vol de 2 000 pièces dans ses collections par un de ses conservateurs et la façon dont les directeurs ont (mal) traité l’affaire quand ils ont été alertés, il y a deux ans.
La polémique a mis en lumière une des raisons pour lesquelles le voleur a pu sévir : les objets n’étaient pas inventoriés, comme la moitié des 8 millions d’objets du « British ».
La France n’est pas à l’abri de vols dans ses musées comme ces chefs-d’œuvre dérobés en 2010 au Musée d’art moderne de Paris par des cambrioleurs expérimentés, ou plus récemment au Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse par un membre de l’équipe. Mais avec la loi musée de 2002, les opérateurs nationaux ont l’obligation de recenser et surtout de récoler (c’est-à-dire constater visuellement la présence de l’objet) leurs collections. Ils ont aussi l’obligation de récoler tous les dix ans les objets déposés dans les palais de la République (ministères, préfectures, ambassades…), ce qui n’est pas une mince affaire pour des dépôts qui peuvent remonter au XIXe siècle. Cela requiert des listes d’objets déposés et surtout des humains pour les contrôler sur place. En 2009, la presse s’était emparée d’une dépêche de l’AFP qui affirmait sur la base d’un premier rapport de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art (CRDOA) que des milliers d’œuvres avaient disparu.
Les rapports ultérieurs de la CRDOA ont suscité moins de polémiques, tout le monde ayant pris la mesure de l’immensité de la tâche (plus de 500 000 objets), par exemple, quand il s’agit de vaisselles déposées par la Manufacture de Sèvres. Le tout dernier bilan de la commission offre autant d’arguments à ceux qui sont prompts à critiquer « la gabegie de l’État » qu’à ceux qui se réjouissent de la bonne gestion du patrimoine public. Depuis 2014, 75 % des objets déposés ont été récolés et un peu moins d’un tiers manquent pour l’instant à l’appel. Mais ce taux de disparition est ramené à 15 % hors Sèvres. En rythme annuel, là aussi les chiffres sont contrastés. En théorie, il faudrait récoler 56 600 objets (10 %) par an mais, en 2022, seuls 15 000 l’ont été, avec ses bons élèves – le Mobilier national et un taux de 17 % – et ses moins bons (tous les autres). Contrôler, compter… La prochaine étape pour compliquer encore plus la tâche des malfaiteurs est maintenant de publier en ligne l’intégralité des collections.
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Comment protéger les collections publiques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Comment protéger les collections publiques