Italie - Patrimoine

Les institutions françaises à Rome, mauvais élèves du récolement

Par Olympe Lemut · lejournaldesarts.fr

Le 22 juillet 2024 - 418 mots

ROME / ITALIE

La Villa Médicis et l’ambassade de France à Rome peinent à retrouver les objets déposés par les musées nationaux.

La Villa Médicis à Rome © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr, 2013
La Villa Médicis à Rome.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr, 2013

Dans un rapport publié en juin 2024 le ministère de la Culture fait le point sur les dépôts des musées français dans les institutions françaises installées dans les pays du sud de l'Europe, et note des problèmes persistants en Italie. Après avoir rappelé que le récolement incombe aux postes du réseau diplomatique et aux institutions déposantes, le rapport présente les chiffres pour l'Espagne, le Portugal, l'Italie, Malte, la Grèce, Chypre, Andorre et Monaco. Sur les 17 153 objets en dépôt, les principaux déposants sont sans surprise la Manufacture de Sèvres (15 399) et les musées nationaux (1 027). Le taux de récolement global pour l'Europe du sud est de 81 % en 2023, mais ce taux cache de fortes disparités selon les pays, le statut des pièces déposées et les institutions.

La Manufacture de Sèvres a ainsi récolé 12 179 pièces dont 7 713 restent à localiser : il est en effet plus difficile de récoler des services à thé ou des assiettes que des tableaux. Parmi les points noirs du rapport, l'ambassade de France à Madrid qui n'a récolé aucun des 3 117 dépôts de Sèvres. Mais on note surtout le cas de l'Académie de France et l'ambassade de France à Rome où les dépôts semblent impossibles à localiser depuis plusieurs années. Le rapport pointe “ un manque de vigilance des occupants ” et “ une désinvolture ” de la Villa Médicis concernant les œuvres et la vaisselle en dépôt.

Le ministère rappelle qu'en 2008 le récolement de la Manufacture de Sèvres signalait déjà qu'il manquait “ des milliers de pièces en céramique ” parmi les dépôts à l'Académie de France. Si la Manufacture ne poursuit pas les disparitions de pièces antérieures à 1945, elle déplore que des pièces uniques créées spécialement pour la Villa Médicis se soient volatilisées et envisage des poursuites. Du côté de l'ambassade de France à Rome, le rapport note que sept dépôts du Mobilier national y sont recherchés sans succès, dont quatre font l'objet d'une plainte depuis 2019 : un tapis d'Aubusson, une tapisserie des Gobelins, un surtout de table en bronze (Second Empire) et un dessin de Boucher le Jeune.

Les dépôts de plainte constituent le dernier recours après plusieurs tentatives de localisation infructueuses, et entraînent une enquête de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) : ces pièces sont parfois retrouvées sur le marché de l'art ou lors d'enquêtes de police. Mais seules quinze plaintes ont été déposées suite au récolement de 2023.

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