Grands travaux. Ainsi le Centre Pompidou va fermer pour d’indispensables travaux pendant cinq ans.
Le coût total du chantier est de 442 millions d’euros, soit à peu près le même que celui du Grand Palais. Mais contrairement au Grand Palais qui n’a que des (beaux) espaces à louer, le Musée national d’art moderne (MNAM) a comme mission de montrer le panorama le plus large possible de l’art moderne et contemporain. Privé de cet ensemble, le public devra se contenter du Musée d’art moderne de Paris (moins riche que le MNAM) pour l’art moderne et aller à la Tate Modern de Londres, son grand rival, pour l’art d’après-guerre.
Au moins – se consolera-t-on –, cette éclipse de cinq ans et ces coûts importants auront comme contrepartie de mettre en œuvre une solution au problème principal du Centre : le manque de place pour exposer les collections permanentes. Le bâtiment de Piano & Rogers souffre d’un handicap originel : il n’est pas extensible. Il est flexible, mais n’a pas été conçu pour supporter un agrandissement que ce soit sur la piazza ou à l’emplacement de la fontaine Stravinsky. Lors des précédents travaux entre 1998 et 2000, Jean-Jacques Aillagon, le président d’alors, avait réussi à dégager 8 000 mètres carrés en déménageant l’administration dans les immeubles alentour. De surcroît, les espaces permanents ne bénéficient que d’un faible éclairage naturel, encore moins zénithal.
La seule solution possible pour gagner de l’espace est de déménager tout ou partie la Bibliothèque publique d’information (BPI). Mais pour une raison incompréhensible d’ordre politique, ce qui est devenu surtout un espace de coworking est sacralisé et ne peut quitter le Centre. Il n’est pas contestable que Paris manque de bibliothèques. Mais il devrait être possible de trouver plusieurs immeubles « Lumière », du nom de celui qui accueillera provisoirement la BPI, situé dans l’Est parisien.
La « piste » Palais de Tokyo, qu’Alain Seban voulait annexer en 2007, est, elle aussi, abandonnée alors que l’aile ouest du Palais dispose de gigantesques espaces et que la SAS qui l’exploite est obligée de les privatiser une bonne partie de l’année pour financer le centre d’art. Les travaux pour le mettre aux normes sont coûteux (on parlait à l’époque de 40 M€), mais le rapport coût/bénéfice est largement avantageux.
L’opportunité de donner un nouveau souffle au Centre pour son cinquantenaire est ratée, à moins que le changement programmé de l’exécutif en 2027 ne rebatte les cartes. Il sera encore temps d’activer l’une ou l’autre des solutions.
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Centre Pompidou : une opportunité ratée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°612 du 26 mai 2023, avec le titre suivant : Centre Pompidou : une opportunité ratée