Presse

Les 70 ans de L’Œil

70 ans, un magazine qui se rêve musée

Par Olivier Celik · L'ŒIL

Le 19 février 2025 - 527 mots

Célébrer ses 70 ans quand on est un titre de presse, c’est un événement. 

En 1955 naissait une revue chic qui « devait pouvoir se lire dans le métro ». Une revue qui entendait parler de l’art au présent, de ses artistes, de son actualité, tout en traçant les ponts nécessaires entre les créateurs et l’histoire des arts qui les nourrissent. Sept décennies et 783 numéros plus tard, L’Œil est fidèle à son engagement originel : être élitaire pour tous, pour paraphraser Antoine Vitez, grand défenseur du théâtre populaire.

Bien entendu, la revue est devenue magazine. L’Œil a grandi, il a changé, il a épousé les évolutions de la société, celles de l’art et de son écosystème, celles des lecteurs aussi. Mais la simple lecture du premier éditorial, manifeste de naissance d’une ambition de partage et d’émancipation, n’a pas pris une ride, comme chacun pourra le lire dans les pages suivantes.

Préparer ce numéro anniversaire a eu un double mérite : s’astreindre à une immersion dans 70 ans d’histoire de l’art, et s’interroger sur ce qu’un titre de presse artistique doit offrir à ses lecteurs. Chaque mois, la même question se pose : comment donner envie à chacun d’ouvrir le magazine, d’en tourner les pages, de se plonger dans un sujet qui l’intéresse ou de se laisser tenter par la lecture d’un article inattendu ? Dans L’Œil, celui qui suit de près l’actualité de l’art contemporain trouvera son compte, mais sera surpris par un portfolio sur un sarcophage égyptien. Celui qui s’intéresse à la peinture ancienne italienne se délectera d’un arrêt sur image sur un chef-d’œuvre et ses infinis détails, mais découvrira la vitalité de la création d’aujourd’hui et les liens souterrains qui relient les artistes d’hier et de demain.

L’Œil est un magazine qui se rêve musée. Un musée vivant, qui change son accrochage chaque mois, qui surprend de salle en salle, et qui embrasse toutes les époques de la création. Et ce musée imprimé n’aurait pas de sens s’il ne s’engageait pas aux côtés des artistes. C’est pourquoi nous avons souhaité que deux d’entre eux, Mathilde Denize et Jean-Philippe Delhomme, tous deux représentés par la galerie Perrotin, soient associés à la conception des deux couvertures de ce numéro. Ils ont chacun proposé une œuvre originale, inspirée d’un tableau connu. Une manière d’illustrer ce lien essentiel entre le passé et le présent, une manière aussi de montrer que l’histoire de l’art ne cesse jamais de s’écrire, de se réinventer et de s’enrichir. Dans la période d’incertitude que nous traversons, qu’elle soit politique, climatique, économique ou sociale, il est revigorant de rappeler, comme l’écrivait le philosophe Gilles Deleuze, que « l’art, c’est ce qui résiste » : ce qui résiste au divertissement et à la rentabilité, aux idéologies délétères, au démantèlement programmé de la culture. L’art ne s’est jamais contenté de reproduire le réel, mais il a par essence toujours inventé des réalités nouvelles, ce dont l’époque a plus que jamais besoin.

Comment ne pas finir sur un remerciement ? À nos lecteurs, aux journalistes, aux collaborateurs, aux fournisseurs, aux artistes, aux institutions, aux annonceurs aussi. Toutes ces énergies rassemblées qui permettent à ce septuagénaire fringant de poursuivre vaillamment son chemin.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°783 du 1 mars 2025, avec le titre suivant : 70 ans, un magazine qui se rêve musée

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