Nord-Ouest - Un grand bol d’art pur

Cet été, la Normandie vibre au rythme de la touche pointilliste des impressionnistes. Pour la première fois, tous les acteurs culturels se sont en effet réunis pour proposer un panel de manifestations dédiées à ce courant pictural du xixe siècle qui a trouvé dans les paysages normands une source féconde d’inspiration [lire p. 72]. Du musée des Beaux-Arts de Rouen, premier musée de la région, qui présente une grande exposition de peinture dédiée aux grands et petits maîtres de l’impressionnisme, au Havre, en passant par Caen, nul ne pourra donc échapper au sujet de l’été. Les réfractaires à l’impressionnisme n’auront donc qu’une issue : éviter la Normandie…

Dans les Pays de la Loire, le dynamique musée des Beaux-Arts d’Angers (10e, 6 places) propose une exposition dédiée au peintre Jean-Pierre Pincemin, disparu en 2005, dans une version différente de Céret, en insistant sur les grandes toiles des années 1969-1970 ainsi que sur ses dix dernières années de travail. À Nantes, c’est le peintre cubain Wifredo Lam (1902-1982) et ses tableaux habités de créatures hybrides qui ont les honneurs du musée des Beaux-Arts (18e) qui lui offre ici sa première grande rétrospective française après celle du musée d’Art moderne de la Ville de Paris… en 1983 [lire L’œil de juin].

En région Centre, le musée des Beaux-Arts de Tours (52e, - 17 places) se prive cet été d’exposition pour se concentrer sur son projet de 2011 consacré aux collections du château (détruit) du cardinal de Richelieu situé dans la ville éponyme, événement qui sera organisé en partenariat avec les musées d’Orléans et de Richelieu. Mais ses chefs-d’œuvre, de Mantegna à Delacroix, restent évidemment visibles dans le Palais des archevêques qui l’héberge, en plein centre-ville.

La tournée des châteaux de la Loire passera par Chambord où le sculpteur Manolo Valdès est à l’honneur avec une exposition intitulée « Chasse et traques dans l’histoire de l’art », puis à Chaumont-sur-Loire où le 19e Festival international des jardins est placé cette année sous le thème de « Corps et âmes », le jury ayant été présidé par le neurologue et collectionneur Jean-Pierre Changeux.

Handicapé par sa situation à l’écart des circuits touristiques, le musée de l’Hospice Saint-Roch (85e), à Issoudun, logé dans un bâtiment historique agrandi et rénové, mérite pourtant le détour et offre ses cimaises cet été à l’auteur Léon Werth, qui fut proche de Vlaminck.

Les estivants qui ont opté pour la Bretagne sauront y trouver un excellent réseau de musées. À Rennes, le musée des Beaux-Arts (non classé), qui a rouvert en février son premier étage après d’importants travaux de rénovation, présente une exposition érudite dédiée au paysage au temps de Mazarin. À Brest, le Musée national de la marine (98e), dans le château, reste un incontournable pour son site mais aussi pour ses collections.

Comme tous les ans, les civilisations sont à l’honneur dans l’abbaye de Daoulas, située à mi-chemin entre Brest et Quimper. Cette année, des œuvres du futur musée des Confluences de Lyon y ont été réunies pour présenter une confrontation entre arts inuit et aborigène. Quimper, consacre de son côté une belle rétrospective au peintre Meijer de Haan (1852-1895), figure mal connue de l’école de Pont-Aven qui, après une formation classique à Amsterdam, a notamment travaillé aux côtés de Paul Gauguin dans la petite ville balnéaire du Pouldu. Après Maurice Denis en 2009, le musée de Pont-Aven (40e) se consacre cet été à Paul-Élie Ranson (1861-1909), peintre qui a évolué entre symbolisme et ésotérisme, avec une obsession constante de la figure féminine.