Né le 6Â mars 1951, Michel Herbillon est député-maire Les Républicains de Maisons-Alfort dans le Val-de-Marne. Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, il a présidé la mission d’information relative à la place du marché de l’art français dans le monde (2016).
Dans le cadre du rapport « Marché de l’art : cultivons nos atouts », vous avez auditionné des artistes, des galeristes, des conservateurs, des syndicats, des maisons de ventes… Quel est le moral des professionnels de l’art ?
Il existe, en France, beaucoup de dynamisme et d’initiatives qui mériteraient d’être fédérées. J’ai le sentiment que notre pays possède tous les atouts (une histoire culturelle importante, un réseau de musées dense, des artistes, des galeries, des maisons de ventes internationales, la place de l’État culturel…) et que, malgré tout cela, il reste à la traîne. Savez-vous que la place des artistes contemporains français représente, par exemple, seulement 2 % des enchères ? Pour moi, cela est d’abord dû à l’insuffisance de l’éducation artistique à l’école, au collège et au lycée, et cela en raison de querelles, depuis plus de vingt ans, entre les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale. L’art fait partie de notre histoire et de notre patrimoine, c’est l’un des éléments qui forge notre identité et, pourtant, l’école ne l’enseigne pas assez.
Comment fédérer les professionnels autour d’objectifs communs ?
Il y a beaucoup trop de lourdeurs administratives. Nous devrions imaginer un organisme à la fois institutionnel et léger, dynamique et « pétillant », qui réunirait les principaux acteurs du marché de l’art, y compris les artistes, autour d’une même table. La France doit pousser, comme on dit, ses « avantages concurrentiels », par exemple la photographie et le dessin (ancien et contemporain) pour lesquels elle est considérée comme un leader. Nous avons les ingrédients, mais il leur manque du liant pour les exporter…
La France a-t-elle les moyens de revenir au premier rang mondial ?
La France peut développer son leadership dans certains domaines (la photo et le dessin, mais aussi les arts premiers, les arts décoratifs, etc.). En revanche, revenir au niveau de Londres, de New York et, demain, de la Chine en matière de grandes ventes d’art moderne et contemporain me paraît difficile. Nous n’avons pas l’environnement propice pour cela : les débats réguliers sur l’ISF, la suspicion d’un grand nombre envers la réussite financière, la pression fiscale et réglementaire, le nombre insuffisant de collectionneurs… Concernant les collectionneurs, nous devrions mieux les valoriser ; eux-mêmes devraient mettre davantage en avant les artistes français dans leurs collections, ce qu’ils ne font pas toujours.
Et les institutions françaises ?
Il faut les inciter à défendre plus fortement la scène française à l’étranger. Les musées, le ministère de la Culture ou les Instituts français… doivent faire connaître les artistes qui travaillent en France. Nous possédons, par ailleurs, l’un des plus grands musées d’art moderne et contemporain au monde, mais celui-ci n’est pas encore suffisamment connu, tant par les Français que par les étrangers. Les gens retiennent du Centre Pompidou ses superbes expositions temporaires, sa BPI et son point de vue sur Paris, mais combien connaissent la richesse de ses collections ? Encore une fois, la France possède plein d’atouts, dont celui d’être la première destination touristique au monde ; à nous de mieux les défendre et de savoir fédérer nos acteurs autour des mêmes priorités, de passer des incantations à l’action. Nos handicaps fiscaux et administratifs ne sont pas insurmontables.
Quelle mesure retenez-vous le plus dans le rapport ?
Il faut toutes les retenir ! Certaines sont ambitieuses, comme créer sur l’ensemble du territoire des clusters d’art contemporain qui réuniraient des ateliers d’artistes, des moyens de production, des locaux d’expositions… d’autres moins, comme augmenter les aides du Cnap en matière d’édition de catalogues bilingues. Cette dernière mesure paraît simpliste, elle est pourtant essentielle pour développer la notoriété d’artistes français ou d’expositions à l’international.
28
C’est le nombre de propositions faites par la mission d’information « Marché de l’art : cultivons nos atouts ».
313 000
Les arts visuels sont le premier secteur de l’économie culturelle en France, générant 21,4 milliards d’euros de revenus et 313 000 emplois.
« Nous souhaitons que le présent rapport rompe avec la logique fataliste qui voudrait que le marché de l’art en France soit condamné à un inexorable déclin. »
Stéphane Travert, député PS, rapporteur de la mission sur le marché de l’art.
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Michel Herbillon : « La France doit pousser ses avantages »
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Abonnez-vous dès 1 €Daniel Barenboim au théâtre de Colon © Photo GCBA - 24 juillet 2015 - Licence CC BY-SA 2.5 AR
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : Michel Herbillon : « La France doit pousser ses avantages »