Le directeur général du domaine national de Chambord présente le projet qu’il a défini pour l’établissement. Objectif : réhabiter Chambord par la fréquentation et le remeublement.
L’œil : Vous portez un nouveau projet d’établissement : « Chambord ou la cité idéale ». Quelles sont ses ambitions ?
Jean d’Haussonville : Son principal objet est de redéfinir l’identité du lieu, afin de démontrer que Chambord est une œuvre d’art total et non un grand château parmi d’autres. Chambord n’a pas été conçu comme un simple lieu de résidence, mais comme un manifeste du pouvoir temporel et spirituel du roi, ainsi que comme une œuvre d’art qui vaut par elle-même. Cela explique, en partie, pourquoi le château a été très peu remanié par les successeurs de François Ier. Cette spécificité n’a pas été suffisamment développée jusqu’à présent, et nous voulons décliner cette notion d’œuvre d’art total, à travers les volets scientifiques, pédagogiques, mais aussi touristiques de notre nouveau projet d’établissement.
Comment comptez-vous financer ces différents projets ?
En tant qu’établissement public, la maîtrise des finances publiques est, évidemment, au cœur de nos préoccupations. Aujourd’hui, nous atteignons 83 % d’autofinancement sur nos frais de fonctionnement et nous visons les 100 % d’ici à 2019. Un des principaux leviers pour engendrer davantage de ressources propres est l’augmentation de notre fréquentation. Nous accueillons actuellement 775 000 visiteurs, et nous estimons que nous pouvons aller jusqu’au million ; un chiffre qui nous permettrait d’atteindre l’autofinancement complet sans pour autant saturer le site. Afin de garantir le confort de nos visiteurs, nous allons d’ailleurs élargir les circuits de visite.
Mais pour arriver à ce résultat, il faut mettre en place une vraie culture de développement commercial, qui n’existait pas avant la création de l’établissement public. Cela passe notamment par le développement de la programmation culturelle et patrimoniale. Outre la pérennisation des événements déjà existants, nous prévoyons ainsi de restaurer le jardin anglais et celui à la française. Nous souhaitons également restaurer le village, situé sur le domaine, et améliorer la qualité de ses commerces et de l’hébergement. Parallèlement, nous venons d’ouvrir deux gîtes ruraux dans nos anciens bureaux ; et une des fermes du domaine va bientôt être transformée en hôtel.
Vous prônez, en outre, une importante politique de remeublement, alors que Chambord a longtemps eu l’image d’un château vide. ..
En réalité, cela est vrai pour tous les châteaux de la Renaissance, et on a souvent tendance à oublier qu’au temps où la cour était itinérante, les résidences alternaient des périodes de vide et de plein. Au cours des dernières années, nous avons effectivement accentué la politique de remeublement. Aujourd’hui, nous présentons 4 500 objets d’art, et nous conservons une des plus importantes collections de tapisseries en France.
À Chambord, plusieurs états historiques cohabitent, nous allons dorénavant travailler davantage sur la figure de François Ier, notamment dans l’Aile royale. En coordination avec Thierry Crépin-Leblond, directeur du Musée national de la Renaissance, nous allons restituer la chambre de François Ier, en recréant son mobilier. Dans d’autres pièces, nous évoquerons aussi les logis des seigneurs du XVIe siècle. Et, là où des époques postérieures ont été choisies comme état historique, nous continuons le travail de remeublement, en fonction des inventaires. Nous avons la volonté de donner plus à voir afin de mieux faire comprendre le site et d’inciter nos visiteurs à revenir, notamment en renforçant notre politique d’exposition, autant historique que d’art contemporain. Le tout, en étant attentifs à ce que la programmation entretienne un lien avec Chambord.
Diplomate de carrière, Jean d’Haussonville a été nommé en 2010 directeur général du domaine national de Chambord, pour cinq ans.
Le domaine national est constitué d’un château, d’un village, de fermes et d’un territoire boisé de plus de 5 440 ha, soit la superficie de Paris intra-muros.
775 000 : c’est le nombre de visiteurs à Chambord en 2012.
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Jean d’Haussonville
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Question d'actu : Jean d’Haussonville