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Archéologie à tous les étages

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2010 - 720 mots

En publiant des ouvrages destinés à tous les publics, l’Institut national de recherches archéologiques préventives vient combler un manque dans le paysage éditorial français.

Chargé d’effectuer des fouilles de sauvegarde lors de travaux d’aménagement du territoire, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) s’est aussi lancé dans une politique éditoriale active pour restituer à la communauté scientifique et au public le fruit de ses recherches. « L’édition représente pour nous une activité coûteuse mais indispensable, qui vient combler un manque dans le domaine de l’édition en France où il y avait une réelle absence de publications archéologiques », explique Paul Salmona, directeur du développement culturel de l’Inrap. Depuis 2004, l’institut a lancé vingt-neuf ouvrages destinés à différents types de lectorats, des spécialistes au jeune public.

Orientée sur les méthodes et techniques de l’archéologie préventive, la collection « Cahiers de l’Inrap » s’adresse aux chercheurs. Les prochaines publications de cette série seront consacrées au diagnostic des sites paléolithiques et mésolithiques, à la fouille mécanisée et à l’enregistrement des données et inventaires réglementaires. L’institut subventionne aussi, à hauteur de 50 000 euros par an, la réalisation d’une dizaine d’albums liés à des chantiers de fouilles préventives.

Avec les éditions du CNRS, l’Inrap vient de lancer cette année la collection « Recherches archéologiques » vouée à la publication de quatre ouvrages scientifiques par an, monographies ou synthèses d’opérations de fouilles. Les deux premiers volumes devraient voir le jour cet automne, l’un sur les rites funéraires à travers l’exemple du cimetière médiéval Saint-Michel de Toulouse (Haute-Garonne), l’autre, sur le bivouac préhistorique du Buhot à Calleville (Eure), rare témoignage du paléolithique supérieur en Haute-Normandie dans un excellent état de conservation.

Pour les ouvrages destinés au grand public, l’institut s’est appuyé sur des partenariats avec des maisons qui lui ont permis de conquérir les territoires de l’édition jeunesse avec des titres ludiques, à l’image des Gaulois à petits pas chez Actes Sud Junior. Lancée avec les éditions La Découverte, la série « Archéologie de France » a connu un certain succès et quelques-uns de ses ouvrages vont faire l’objet d’une réédition. Le dernier en date aborde le mésolithique (12 000-6 000 av. J.-C.) en France. Largement illustré et documenté, ce petit opus, intitulé Le Mésolithique en France. Archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs, constitue une synthèse facile d’accès sur une période souvent méconnue au profit du néolithique.

Depuis 2005, l’Inrap publie également les actes des colloques qu’il a préparés en partenariat avec de grandes institutions, tel le Centre Pompidou ou l’Institut national d’histoire de l’art, à Paris. L’année 2010 devrait ainsi voir édité le colloque Des climats et des hommes, organisé avec la Cité des sciences et de l’industrie en novembre 2009, et 2011, L’archéologie du judaïsme en France et en Europe, présenté en janvier dernier au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, à Paris. Pour l’heure, l’institution vient de faire paraître Comment les Gaules devinrent romaines, suite aux journées organisées avec le Musée du Louvre, en septembre 2007, afin de dresser un bilan du territoire avant la conquête et d’analyser la manière dont les villes et campagnes se sont transformées…

Une science d’avenir indispensable
Autre colloque désormais disponible dans une version écrite, La Révolution néolithique dans le monde fait suite aux rencontres orchestrées, en octobre 2008, à la Cité des sciences et de l’industrie. Véritable somme, l’ouvrage réunit des chercheurs du monde entier pour aborder, à la lumière des dernières découvertes, l’invention de l’agriculture et de l’élevage entre 10 000 et 5 000 avant notre ère, et l’apparition des villes et des états aux quatre coins du globe.

Les chercheurs Annick Coudart, Jean-Paul Demoule et Maurice Godelier y abordent la question des interactions entre société et idéologie, ou le rôle des manipulations idéologiques dans l’apparition de sociétés inégalitaires. L’occasion pour Jean-Paul Demoule de rappeler que « l’archéologie n’est pas seulement une discipline d’érudition », mais bien une science d’avenir indispensable à la compréhension du monde contemporain.

Emmanuel Ghesquière et Grégor Marchand, Le Mésolithique en France. Archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs, éditions La Découverte, Paris, 2010, 180 p, 22 euros, ISBN 978-2-7071-5952-6

Pierre Ouzoulias et Laurence Tranoy (sous la direction de), Comment les Gaules devinrent romaines, éditions La Découverte, Paris, 2010, 320 p., 24 euros, ISBN 978-2-7071-5907-6

Jean-Paul Demoule (sous la direction de), La Révolution néolithique dans le monde, éditions CNRS, Paris, 2010, 488 p., 30 euros, ISBN 978-2-2710-6914-6

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°325 du 14 mai 2010, avec le titre suivant : Archéologie à tous les étages

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