LUXEMBOURG - Alors que sur la quarantaine de fonds d’investissement en art listés en 2009 vingt-cinq ont été abandonnés ou se situent dans un état « indéterminé », selon le livre de Noah Horowitz, Art of the Deal : Contemporary Art in a Global Financial Market (Princeton University Press, 2011), depuis la reprise du marché, ces initiatives renaissent.
Un nouveau fonds, baptisé « Art Collection Fund », vient d’être lancé par Stanislas Gokelaere, fils de marchands d’art moderne, lui-même collectionneur et issu du monde du capital-investissement (private equity), et Bernard Steyaert, ancien responsable de Christie’s Europe. Pour éviter les dérives, leur fonds s’ancre dans le cadre réglementaire très strict luxembourgeois. « Comme je viens du milieu de la finance, j’ai voulu créer un véhicule dont les règles ne soient pas différentes d’un fonds financier », explique Stanislas Gokelaere. D’une durée réglementaire de six ans, avec une extension possible de deux ans, ce fonds espère lever 50 millions d’euros, avec un premier seuil de 20 millions d’euros d’ici la fin de l’année. Le ticket d’entrée s’élève à 500 000 euros pour un rendement annoncé de 12 %.
Un rendement financier mais pas seulement
Art Collection Fund a la particularité de se diviser en deux sections, art moderne et contemporain pour 65 % des actifs, et arts premiers à hauteur de 35 %. Le marché dédié à ces derniers a d’ailleurs connu une hausse vertigineuse depuis l’entrée en lice des acheteurs d’art contemporain. Les acquisitions se feront uniquement auprès des marchands et des collectionneurs, avec des seuils minimaux d’achat de 100 000 euros. Seuls 10 % du fonds seront consacrés aux jeunes artistes, valeurs jugées trop volatiles sur le plan économique. Les gestionnaires se refusent de miser plus de 20 % du capital sur un seul créateur, ni plus de 10 % sur une seule œuvre. Ils comptent s’appuyer sur un réseau de quatre experts, dont le marchand bruxellois Bernard de Grunne et le galeriste parisien Hervé Loevenbruck, ceux-ci étant rémunérés sur les bénéfices lors de la clôture du fonds.
Reste à voir si les marchands seront disposés à vendre à un fonds d’investissement plutôt qu’à un collectionneur ou à un musée. « Comme nous travaillons principalement sur des artistes établis, il s’agit surtout de second marché, donc je ne vois pas de souci, estime Stanislas Gokelaere. Par ailleurs, sur le premier marché, il y a énormément de collectionneurs spéculateurs qui revendent l’année suivant l’achat. L’horizon de notre fonds, c’est quand même six à huit ans. Ce n’est pas très spéculatif. » Même si la majorité des ventes s’effectueront à la clôture du compte, le fonds ne s’interdit pas de revendre une pièce d’un artiste s’il a la possibilité d’acheter une œuvre plus importante du même créateur.
Par ailleurs, les pièces acquises pourront être prêtées aux investisseurs à concurrence du montant de leur participation pour une durée d’un an. Un programme facultatif de sensibilisation avec visites d’exposition et de grandes collections est aussi prévu. « C’est rassurant : certains peuvent voir le fonds comme une diversification du patrimoine, d’autres comme une initiation, un apprentissage, indique Stanislas Gokelaere. L’objectif est bien sûr un rendement financier, mais il est aussi d’amener les investisseurs à mieux comprendre le marché de l’art. »
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Un nouveau fonds d’investissement en art au Luxembourg
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Abonnez-vous dès 1 €Pont au centre-ville de Luxembourg - © photo Daveness_98 - 2000 - Licence CC BY 3.0
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°346 du 29 avril 2011, avec le titre suivant : Un nouveau fonds d’investissement en art au Luxembourg