Finance

Investir dans l’art

Le fonds de placement Art Exchange prendra ses marques en France, en novembre, avec la participation de galeries

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2010 - 498 mots

PARIS - Un nouveau fonds de placement en œuvres d’art, baptisé Art Exchange, verra le jour à la mi-novembre (1).

Celui-ci fonctionne selon le modèle de l’indivision conventionnelle, l’idée étant d’acheter et de vendre des parts indivises d’une valeur unitaire de dix à cent euros. Le fonds ne propose que des œuvres supérieures à 100 000 euros d’artistes reconnus par le marché et les musées. La particularité tient au fait que les œuvres sont mises en vente par des galeries. Art Exchange demande une exclusivité pour en vendre les parts sur une durée de trois à six mois, moyennant une commission de 5 %. Si la société ne parvient pas, dans ce délai, à trouver preneur pour 100 % des parts, la galerie récupère l’œuvre sans frais. Côté clients, Art Exchange vise en particulier les petits porteurs qu’il espère sensibiliser par le biais des conseillers en gestion du patrimoine et des experts-comptables. « Nous ciblons un public qui, à la base, veut placer son argent et achète habituellement des Sicav ou des actions du CAC 40, des gens qui veulent défiscaliser car il n’y a pas de plus-value sur la revente d’une œuvre d’art si elle est inférieure à 5 000 euros, et des banques privées qui ont beaucoup d’argent à placer », indique Pierre Naquin, maître d’œuvre du projet. 

En quête de collectionneurs 
À l’heure actuelle, Art Exchange dispose de six œuvres, dont une installation spectaculaire de Mike Kelley d’une valeur d’un million de dollars proposée par le galeriste parisien Éric Hussenot, un Sol LeWitt, un Miquel Barceló ainsi qu’un Anselm Kiefer présentés par Yvon Lambert (Paris-New York), et une grande sculpture de Richard Texier directement offerte par l’artiste. Pourquoi une galerie utiliserait-elle un fonds comme intermédiaire, alors qu’elle peut vendre elle-même sans grand mal des artistes aussi réputés ? « C’est sans doute utopique, mais nous espérons créer des vocations de collectionneurs. Nous avons choisi de ne participer qu’avec des pièces qui appartiennent à la galerie, ce qui est plus respectueux envers les artistes. Nous ne leur faisons courir aucun risque », indique Olivier Belot, directeur de la galerie Yvon Lambert. « Une installation muséale ne se vend pas aussi facilement que ça, ajoute Pierre Naquin. Les galeries peuvent tester la formule sans risque. C’est un pari sur l’avenir. C’est aussi un moyen de valoriser un stock en donnant une cote publique différente et plus stable qu’en vente aux enchères. Les galeries ont besoin d’élargir leur clientèle, le nombre de collectionneurs ne progresse pas aussi vite que les besoins en production des artistes. Il faut trouver un nouveau public et celui des investisseurs est nécessaire. » Les organisateurs d’Art Exchange risquent toutefois de peiner à rallier des partenaires car la grande majorité des galeries françaises possède peu de stock. Ces dernières devront aussi déployer des trésors d’imagination pour expliquer leur démarche à leurs artistes, souvent rebutés par la notion d’investissement, et plutôt désireux de placer leurs œuvres chez des collectionneurs ou dans des musées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Investir dans l’art

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