MAASTRICHT / PAYS-BAS
D’année en année, le comité qui inspecte et valide les œuvres de la foire d’antiquaires affine ses règles jusqu’à devenir le plus exigeant au monde. Un passage au crible garant du prestige de l’événement.
Le vetting désigne un ensemble de règles auxquelles les exposants d’une foire doivent rigoureusement se conformer, mais aussi les comités d’expertise composés de professionnels chargés de vérifier que ces règles ont bien été respectées avant l’ouverture de la manifestation. Pour nombre d’exposants, le secret de Tefaf est assurément la qualité de son vetting, impartial et indépendant. Une inspection inégalée à ce jour, car « l’organisation de la foire se donne les moyens matériels et financiers de faire venir des experts internationaux les plus compétents dans les différentes spécialités », affirme Hervé Balian, expert et membre du vetting joaillerie. L’état de conservation, l’attribution, l’authenticité sont étudiés minutieusement. Dans le formulaire transmis au marchand à l’issue du vetting, « il y a même une case “pas dans l’intérêt de la foire” », indique Christophe de Quénetain, antiquaire.
Mais ce qui fait avant tout la force du vetting de Tefaf, « c’est une armée de spécialistes et non pas de généralistes », indique Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia à Paris, membre du comité d’expertise des dessins et estampes depuis quinze ans. « Dans le vetting de Frieze Masters auquel je participe également, il y a davantage de généralistes », ajoute-t-il. Ici, ce sont 200 personnalités éminentes du monde de l’art – conservateurs, historiens d’art, restaurateurs, chercheurs, experts indépendants, mais aussi marchands exposants ou non – qui se retrouvent le mardi et le mercredi matin précédant l’ouverture de la foire pour examiner les œuvres.
Aucun domaine n’est épargné, de l’art précolombien aux armes, peu représentés sur la foire. Pour couvrir toutes les disciplines de l’événement, pas moins de 29 comités arpentent les allées de Tefaf afin de traquer l’objet qui n’y a pas sa place ou rectifier les erreurs portées sur le cartel. Autre particularité, les membres composant les comités viennent du monde entier et pas seulement du pays d’origine de la foire comme dans bien des manifestations. Ce sont aussi des personnalités issues des institutions les plus réputées qui sont recrutées, comme Arlen Heginbotham, du Getty Museum de Los Angeles pour les arts décoratifs du XVIIIe et XIXe siècles ou Wouter Kloek du Rijksmuseum d’Amsterdam, pour les peintures de l’école du Nord. Autre point fort, la possibilité d’utiliser un laboratoire d’analyses scientifiques mobile, pour par exemple étudier les pigments ou « de vérifier au préalable les provenances par l’Art Loss Register », précise Christophe de Quénetain.
Des règles auxquelles on ne peut déroger encadrent strictement le vetting : aucun marchand n’est présent sur son stand, toute la documentation en rapport avec chacune des œuvres présentées doit être mise à disposition des comités, tous les cartels doivent être affichés au mur… À l’issue de l’inspection, le vetting peut demander au marchand de modifier son cartel, mais il peut aussi faire retirer une œuvre qui va alors au « salon des refusés » et ne sera restituée au marchand qu’une fois la foire fermée, sauf si celui-ci fait appel et convainc le comité qui a toutefois le dernier mot. Par ailleurs, le vetting est intraitable : « Si un marchand cumule les fautes, on peut suggérer qu’il ne participe plus à la foire », annonce Ger Luijten. Et de poursuivre : « c’est l’acheteur qui compte avant tout, pas le marchand. Nous sommes là pour lui garantir que ce qu’il va acheter est conforme à la réalité. »
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Tefaf, un « Vetting » pointilleux à la hauteur de sa réputation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°496 du 2 mars 2018, avec le titre suivant : Un « Vetting » pointilleux à la hauteur de sa réputation