Le commissaire-priseur parisien, qui tient le marteau depuis près de quarante ans, a fondé AuctionArt il y a quinze ans.
Nous sommes cinq seulement et nous organisons une petite trentaine de vacations par an pour un produit de 19 millions d’euros en 2022, avec un pourcentage de lots vendus de 86 %. Nous ne travaillons pas par département, mais organisons régulièrement des ventes de tableaux anciens, mobilier classique, tableaux modernes et contemporains, bijoux, arts d’Asie.
AuctionArt ne disperse que des lots venant de particuliers, de successions… Tous les objets que je vends, je les connais, je les ai vus chez les clients, je me sens tout autant investi pour le lot 1 que pour le lot 240, parce que chaque objet me fait penser à son vendeur, à son besoin, à la façon dont il m’a fait confiance. Il n’y a pas de petit client. Travailler comme cela aujourd’hui – comme il y a quarante ans –, c’est de la haute couture ! Je fais peu de ventes uniquement en ligne, excepté pour les affiches ou le vin, car j’aime trop le marteau et j’adore animer une salle. En l’animant bien, c’est 20 à 30 % de plus à la clé, doublé de la possibilité de capter une clientèle de fidèles.
J’ai travaillé pendant vingt ans avec Hervé Poulain, puis cinq ans chez Artcurial, que j’ai quitté en 2008, sans aucun regret. Je suis très content et fier d’avoir participé à la création de cette maison. J’ai réalisé qu’une relation privilégiée avec le client était incompatible avec la pression de rentabilité exigée… Ces quinze ans tout seul avec AuctionArt m’ont rempli de joie et m’ont confirmé qu’il y a de la place pour les maisons de ventes à taille humaine.
Nous avons tous vécu une très belle année. Chez nous, plusieurs enchères millionnaires ont été enregistrées, dont la Vierge à l’Enfant de Michel Colombe ([1430-1515], 4,7 M€) ou le lavis de Goya (1,9 M€). Plus largement, je suis stupéfait : le mobilier XVIIIe français a retrouvé une vraie place sur le marché et intéresse à nouveau les acheteurs américains – je pense à la collection Al-Thani de l’hôtel Lambert. Pour la suite, je reste optimiste sur la santé du marché, mais il va falloir retrouver des pépites !
Nous quittons la rue de Duras dans le 8e arrondissement, pour aller 3, place du Louvre, face à la colonnade, dans un lieu magique. Par ailleurs, nous devons nous réorganiser pour pouvoir assumer le travail que nous avons sur les épaules – mon équipe a fini l’année sur les genoux. Il y a deux ans, j’ai dit à un journaliste que je souhaitais m’agrandir en fusionnant, alors certains confrères sont venus me voir. Il y a eu quelques projets, qui malheureusement n’ont pas abouti. Alors je ne dis plus rien, cela va venir tout seul… Je ne veux pas partir sans avoir passé un relais.
J’ai été l’un des premiers à quitter le navire pour le Palais des congrès avec Hervé Poulain en 1999, puis en 2002 avec la création d’Artcurial, donc personne ne me croirait si je disais que Drouot est tout pour moi. Mais au fond, j’ai un vrai attachement à cette institution. Cela fait quinze ans que j’y suis revenu et donc, globalement, j’y ai fait presque toute ma carrière. J’aurais cependant adoré que Drouot réussisse à fédérer des hommes pour changer ce lieu de ventes en une maison de ventes intégrée…
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Rémy Le Fur : « Il y a de la place pour les maisons de ventes à taille humaine »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°603 du 20 janvier 2023, avec le titre suivant : Rémy Le Fur, commissaire-priseur : « Il y a de la place pour les maisons de ventes à taille humaine »