BERLIN - On connaît la cantilène, les artistes français sont méconnus hors de nos frontières. Défiant les lieux communs, une jeune génération d’artistes fait pourtant son trou à l’étranger. Ce, sans avoir usé de l’oriflamme de CulturesFrance ni figuré dans la dernière triennale « La force de l’art ».
Il en va ainsi de Cyprien Gaillard, lequel expose jusqu’au 16 janvier à la galerie Sprüth Magers à Berlin. Collectionné aussi bien par François Pinault ou la collection Louis Vuitton, ce jeune créateur a ses entrées à la Fondation Jumex à Mexico, ou au Musée Boijmans van Beuningen à Rotterdam. De son côté, l’artiste Laurent Grasso vient d’entrer dans l’écurie de la galerie new-yorkaise Sean Kelly. Il y assurera l’été prochain le commissariat d’une exposition de groupe, avant de bénéficier d’une exposition monographique en décembre 2010. Latifa Echakhch a, elle, intégré en 2009 la galerie Francesca Kaufmann à Milan. Celle-ci lui a même dédié un « Art Kabinett » sur Art Basel Miami Beach en décembre.
D’où vient le succès de ces artistes ? De leur mobilité, physique et mentale. « Laurent a tout de suite montré une volonté de réussir, il est énergique, entreprenant, connecté », indique Denis Gardarin, codirecteur de la galerie Sean Kelly. « Il faut aller à la rencontre des gens qui nous intéressent sans qu’il y ait d’invitation. Même si je ne montre pas de pièces, je me déplace », défend Laurent Grasso. D’après Latifa Echakhch, « à la base, des artistes comme Cyprien et [elle-même] ne pens[ent] pas en termes de frontières. C’est lié à [leur] biographie sans doute. »
Ayant grandi en Californie, bilingue (anglais), Cyprien Gaillard a bénéficié en mars 2009 d’une bourse du Deutscher Akademischer Austauschdienst (Office allemand d’échanges universitaires, DAAD) à Berlin. « Lorsqu’il est arrivé à Berlin, c’était facile d’entrer en contact avec lui, relate Franzisca von Hasselbach, directrice de la galerie Sprüth Magers. Avec Cyprien, c’est pour l’instant un projet, on discutera cette année pour voir si cela débouche sur une collaboration. Il faut que la chimie marche et jusqu’à présent, ça marche ! » La galerie a déjà vendu des pièces et suscité un intérêt institutionnel outre-Rhin. Les dix pages que lui a consacrées en octobre dernier la revue américaine Art Forum pèsent sans doute dans la balance. « Cyprien a des bottes de sept lieues. Quand on a un artiste doué, avec un savoir-faire, on peut faire des choses sans agiter de drapeau », relève Frédéric Bugada, codirecteur de la galerie parisienne Bugada & Cargnel.
Quant à Latifa Echakhch, sa notoriété s’est d’abord construite en dehors de l’Hexagone. « Latifa a su tricoter des réseaux de curateurs étrangers, et son travail a été plus vu à l’étranger qu’en France », indique son galeriste parisien Kamel Mennour. Elle fut montrée en 2008 à la Tate Modern (Londres) grâce à un curateur britannique, Ben Borthwick, et a bénéficié très tôt de l’appui de la curatrice Maria Lind. Étrangement, malgré leur succès à l’étranger, certains de ces artistes restent sous-représentés en France. Nul n’est prophète en son pays ?
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Reconnaissances à l’international
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°316 du 8 janvier 2010, avec le titre suivant : Reconnaissances à l’international