L’opération d’échange entre galeries berlinoises et parisiennes persiste et signe après le succès de la première édition
BERLIN - Même dans ses rêves les plus fous, l’ambassade de France à Berlin n’aurait pu imaginer que la première édition de l’opération « Berlin-Paris », organisée en 2009, jouirait d’une si bonne presse outre-Rhin. Surtout après le fiasco de l’événement commando « Art France Berlin », mené trois ans plus tôt sous la houlette de CulturesFrance.
Grâce à la confiance des professionnels locaux, le projet d’échanges entre vingt-sept galeries berlinoises et parisiennes est renouvelé du 15 au 23 janvier à Berlin, puis du 29 janvier au 6 février dans notre capitale. « Il est clair que le travail de l’ambassade a porté ses fruits », confie Florent Tosin, de la galerie Carlier Gebauer (Berlin), associée cette année aux Parisiens Natalie Seroussi et Michel Rein. « La première année, les Allemands regardaient les choses d’un œil sceptique et curieux. Cette année, ils sont tous intéressés. J’étais le premier surpris par le fait qu’un projet dirigé par l’ambassade suscite autant d’intérêt. Pour une fois, ils ont donné une entière liberté aux galeristes. La main du gouvernement français s’est faite très discrète. »
Le projet prend une autre ampleur cette année avec la participation de quelques poids lourds berlinois comme Konrad Fischer, neugerriemschneider et Neu, et de nouvelles recrues parisiennes tel Emmanuel Perrotin.
Être vu
Entre Konrad Fischer et Nelson-Freeman (Paris), les affinités sont électives puisque ces deux enseignes se partagent les artistes Helmut Dorner, Harald Klingelhöller et Thomas Schütte. « Nous n’avions rien fait à Paris depuis un bon bout de temps, admet Daniel Marzona, directeur de Konrad Fischer. Mais la ville reste une place de marché importante. » Dans un dialogue avec Kamel Mennour (Paris), neugerriemschneider reçoit Camille Henrot et Yona Friedman, avant de mander à Paris une exposition monographique de Simon Starling. Pour les toutes jeunes pousses, comme Gaudel de Stampa (Paris), associée à Kamm (Berlin), ou Marcelle Alix (Paris), ici en duo avec Croy Nielsen (Berlin), l’objectif se mesure en termes de visibilité. « Je ne m’attends pas forcément à rencontrer des collectionneurs, mais [j’espère] mieux faire connaître la galerie auprès des confrères et artistes berlinois. Le premier défi, c’est que les gens nous voient », explique Isabelle Alfonsi, codirectrice de Marcelle Alix.
L’intérêt de Berlin-Paris n’est pas tant d’activer des réseaux existants que d’injecter du sang neuf par le biais d’associations inédites, comme celle de Nathalie Obadia (Paris) et d’Esther Schipper (Berlin). « Nathalie et moi nous nous apportons des choses l’une à l’autre, ce qui ne serait pas possible si on regardait toujours dans la même direction. Il faut ouvrir d’autres perspectives, aujourd’hui encore plus qu’avant », observe Esther Schipper. Celle-ci accueillera des œuvres de Martin Barré et Jorge Queiroz avant de mander à Paris Matti Braun, Nathan Carter et Gabriel Kuri. L’an dernier, le galeriste d’art contemporain Mehdi Chouakri (Berlin) [lire p. 24] avait créé la surprise en formant une paire avec son confrère de l’art moderne, la Galerie 1900-2000 (Paris). Le nouveau cru scelle la rencontre non moins étonnante entre une toute jeune galerie, Sommer & Kohl (Berlin), et la doyenne de la profession, Denise René (Paris). « J’ai tout de suite été partant. Le choix de Sommmer & Kohl, qui est de montrer chez nous Knut Henrik Henriksen, nous intéresse car il y a des référents à l’art construit », indique Franck Marlot, le directeur de la galerie Denise René, qui présentera à Berlin un florilège autour de la lumière et du noir et blanc. Philippe Jousse (Paris) et Johann König (Berlin) forment aussi un tandem intrigant, le premier envoyant des pièces de Mathieu Matégot avant d’héberger une exposition de jeunes Berlinois parmi lesquels Jordan Wolfson.
Ce type d’opération légère, financée à hauteur de 35 000 euros par l’ambassade de France, a toutes les chances de séduire à une époque où les gens réfléchissent à deux fois avant de signer pour une foire. « L’intérêt pour les galeries est qu’elles ne payent pas de frais d’inscription ou de dossier, et les espaces sont mis à disposition gracieuse des partenaires sur la base de la réciprocité, souligne Cédric Aurelle, directeur du Bureau des arts plastiques à Berlin. La crise pousse les gens à être inventifs et ce projet s’inscrit dans cette ligne expérimentale, à tous les niveaux, notamment dans cet esprit de partenariat entre une institution comme la nôtre et le secteur privé. »
Responsable du projet : Cédric Aurelle, directeur du Bureau des arts plastiques à Berlin
Nombre de participants : 27 galeries dont 14 parisiennes
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Les artistes français au-delà des frontières
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Abonnez-vous dès 1 €BERLIN-PARIS 2010, du 15 au 23 janvier à Berlin, du 29 janvier au 6 février à Paris, programme complet sur : www.berlin-paris.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°316 du 8 janvier 2010, avec le titre suivant : Les artistes français au-delà des frontières