Art contemporain

Promotion

Des Français à Los Angeles

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 12 février 2013 - 744 mots

LOS ANGELES / ETATS-UNIS

L’Institut français a monté un copieux programme à Los Angeles pour accentuer la visibilité de l’art hexagonal.

LOS ANGELES - Si la fascination exercée sur les artistes français par la Californie, et Los Angeles en particulier, ne faiblit pas, force est de constater qu’à l’étranger la création française a bien meilleure presse qu’il y a encore une quinzaine d’années. Quelques noms en vogue s’exportent désormais assez facilement, atteignant même de prestigieuses institutions tels le Hammer Museum, qui accueille à partir du 23 février Latifa Echakhch et deux mois plus tard Cyprien Gaillard.

« Parfois vue comme superficielle depuis l’Europe, Los Angeles développe des projets intellectuellement poussés et très précis, qui ont un intérêt dans la ville, en faisant notamment se rapprocher les réseaux artistiques et universitaires », atteste l’architecte François Perrin. Installé là depuis une dizaine d’années, il organise dans le cadre de « Dialogues. Art/Architecture. Paris/Los Angeles » des tables rondes et des projets d’architectes et d’artistes ayant une fibre architecturale, dans des maisons « iconiques » signées Rudolph Schindler ou Richard Neutra ; Xavier Veilhan est ainsi convié au mois d’avril prochain.

L’Institut français et les services culturels de l’ambassade de France aux États-Unis ont donc opportunément mis en place un programme réunissant une trentaine de collaborations. Se déroulant sur cinq mois, il est destiné à accentuer la visibilité des artistes de l’Hexagone dans la mégalopole californienne, ceci en les confrontant à des artistes du cru. Intitulée « Ceci n’est pas… Art between France and Los Angeles », la manifestation met en réseau des structures de nature diverse, permettant ainsi une multiplication des expériences et des formats… avec des bonheurs inégaux.

C’est à la Municipal Art Gallery à Barnsdall Park que se tient depuis début décembre le premier acte, avec l’exposition « LOST (in L.A.) » organisée par la Fondation FLAX (France Los Angeles Exchange) et mise en musique par Marc-Olivier Wahler. Inspirée par la série télévisuelle américaine du même nom, la proposition met en avant des allers-retours dans le temps ainsi que des jeux visuels faits d’apparitions et de disparitions. L’entreprise atteint ses objectifs de manière honnête, grâce notamment à quelques travaux in situ qui agissent efficacement sur les espaces. Une peinture optique de Nathan Hylden sur des vitres ouvrent sur un paysage qu’elle contribue à dissoudre, tandis qu’une structure en carton composée d’un assemblage d’octogones suspendue au plafond par Vincent Lamouroux redessine par ses ombres les espaces. On y retrouve également des figures oubliées de l’art californien, tel Robert Kinmont qui, en 1969, photographia ses obsessions pour le désert poussiéreux (Favorite Dirt Roads) avant de se retirer.

Dans les galeries aussi
Certaines galeries se sont prêtées au jeu de la rencontre. Ainsi Bernard Piffaretti expose-t-il chez Cherry and Martin, faisant la démonstration que sa peinture protocolaire mais néanmoins toujours fraîche peut rencontrer un bel écho dans la Cité des anges, où une jeune génération de peintres est toujours versée dans une abstraction énergique et colorée. À la François Ghebaly Gallery, Davide Balula réussit une belle mise en abyme de l’espace, entièrement repeint d’un bleu « piscine ». Trois toiles blanches légèrement courbes y rappellent la singularité du Guggenheim Museum (New York) où des parois légèrement curvilignes accueillent des objets plans.

De jeune création il est également question dans deux accrochages organisés par Isabelle Le Normand dans les galeries Here is Elsewhere et ForYourArt. Tentée de s’établir à Los Angeles, la curatrice de Mains d’œuvres, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), y propose « Ma nouvelle vie », des expositions avec un contenu – des œuvres –, mais dépourvues de propos. Si généreuse qu’apparaisse la volonté de convier de nombreux artistes des deux pays (Dominique Blais, Jean-Luc Blanc, Benoît Broisat, Jennifer Bolande ou John Divola) en se fondant sur des coups de cœur, il y a grand risque à le faire dans des propositions sans ossature. C’est particulièrement vrai à ForYourArt, où l’accrochage en vrac et son trop-plein ne rend plus rien lisible. Peu lisible est de même la proposition de la critique d’art Marie de Brugerolle à LACE, qui prend – trop – appui sur le caractère énigmatique de l’œuvre de Guy de Cointet pour développer un parcours de travaux possiblement porteurs de plusieurs statuts. Leur hermétisme conjugué à un propos assez insondable concourt à ce que le visiteur s’y perde totalement.

CECI N’EST PAS…

Nombre d’artistes : 100 Nombre de projets : 30

CECI N’EST PAS… ART BETWEEN FRANCE & LOS ANGELES

jusqu’à fin avril, dates et lieux divers. Informations : www.cnp-la.org

Légende photo

Nathan Hylden, Barnsdall Window, détail, 2012, vinyl, production France Los Angeles Exchange. © Photo : FLAX

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Des Français à Los Angeles

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