LOS ANGELES - Au vu de l’importance prise par la scène artistique californienne, de l’attrait de la région et du grand nombre de collectionneurs qui y vivent, il est difficile de croire que n’a toujours pas germé à Los Angeles une foire d’envergure.
Art Los Angeles Contemporary tente d’y parvenir, mais doit encore convaincre pour s’imposer. Convaincre les galeristes locaux en premier lieu, la manifestation souffrant manifestement d’un manque de soutien des leaders. Si quelques enseignes très établies comme David Kordansky, qui présentait un solo show d’œuvres très moyennes de Richard Jackson, ou 1301PE, montrant une belle tapisserie de Pae White et un film de Diana Thater, étaient de la partie, les locomotives telles Regen Projects ou Blum & Poe ne se sont toujours pas ralliées à l’événement. Convaincre également les collectionneurs de se déplacer, ce qui, en regard de l’inflation d’événements marchands dans le calendrier, relève d’une autre paire de manches. D’autant plus que, comme le souligne Christopher Grimes (Los Angeles), dont le stand impeccable donnait à voir de grandes images de Lucia Koh et de Veronika Kellndorfer, « la qualité de la foire s’est améliorée, mais [que] le plus gros problème à Los Angeles est la distance. Même si la scène est intéressante, on n’y vient pas en passant, cela doit être une destination, or nous sommes très loin de l’Europe et même venir de la Côte est prend du temps ». Et en effet, la fréquentation était manifestement surtout locale.
Tonalité survitaminée
Pour sa quatrième édition, la foire a réuni, du 24 au 27 janvier, 69 exposants dans un hangar situé près de l’aéroport de Santa Monica, avec une tonalité générale jeune et très vitaminée, malheureusement accompagnée d’une inflation de propositions moyennes surjouant une abstraction hyper-colorée. S’en détachaient les sensibles aplats dilués de Yunhee Min chez Susanne Vielmetter (Los Angeles), les collages délirants et syncrétiques de Pepe Mar proposés par David Castillo (Miami) ou les tableaux et vidéo de Tom Thayer tiraillés entre utopie et dystopie chez Derek Eller (New York).
Quelques Européens avaient fait le voyage, tels les Londoniens Josh Lilley et Pilar Corrias. À la faveur d’un partenariat noué dans le cadre de l’événement « Ceci n’est pas… » (lire p. 13), sept galeries françaises s’étaient déplacées, parmi lesquelles Galerie de multiples, Claudine Papillon, Hussenot ou Loevenbruck. Ce dernier s’est défait d’une vidéo de Dewar & Gicquel auprès d’un collectionneur angelin, tandis que Torri faisait sold out grâce à une série de tableaux de Landon Metz. Percutants étaient les stands de Sultana, avec des œuvres en résine de Gavin Perry, et de New Galerie (Paris, New York), laquelle a fait collaborer Lizzie Fitch et We are the painters pour une décomposition de la figure à partir du portrait de la Californienne par le duo parisien.
Les affaires se sont quant à elles révélées en demi-teinte. Lorsque, au dernier jour de la foire, plusieurs marchands américains vous répètent sans plus d’enthousiasme que « the business is fine » (le commerce est bon), il faut entendre derrière la formule que le commerce est mou. « Il n’y a pas d’adéquation entre l’effervescence du vernissage et les résultats, les gens sont heureux de découvrir des choses mais le passage à l’acte est difficile », relevait un participant. Les anges n’ont pas encore décollé…
Directeur : Tim Fleming Nombre d’exposants : 69 Nombre de visiteurs : 10 000
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Une foire en devenir
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Abonnez-vous dès 1 €Les oeuvres de Lizzy Fitch et We are the painters sur le stand de la New Galerie lors de Art Los Angeles Contemporary 2013.© Photo : Florian Viel.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Une foire en devenir