La biennale permet avant tout aux artisans venus du monde entier de se faire connaître.
Paris. Le salon célébrant les métiers d’art et de création qui a refermé ses portes le 11 juin dernier au Grand Palais éphémère est devenu incontournable pour les créateurs en général et pour les quelque 350 exposants venus des quatre coins du monde en particulier. Beaucoup de visiteurs s’y sont pressés tout au long des cinq jours d’exposition, après un vernissage « très intéressant et des gens qui sont revenus sur le stand », notait la sculptrice sur métal Juliette Frescaline, dont c’était la deuxième participation. Le salon a reçu la visite de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui a déambulé de stand en stand en présence de Stéphane Galerneau, le nouveau président d’Ateliers d’art de France, organisateur de la biennale.
Les exposants ont exprimé leur satisfaction quant aux résultats de leur participation et fait l’éloge d’un public curieux et de qualité. Surtout – et c’est un signal fort –, « nous avons tous remarqué que cette année, il y avait beaucoup plus de professionnels – décorateurs et architectes d’intérieur – que l’année dernière », témoignait la sculptrice sur carton Marie-Anne Thieffry, qui a vendu plusieurs pièces. « Les visiteurs posent beaucoup de questions. Ils sont aussi très sensibles au temps de travail qui nécessite parfois plusieurs mois pour les grosses pièces », ajoutait la céramiste Marik Korus qui proposait ses œuvres en porcelaine inspirées de l’univers sous-marin, véritables sculptures organiques d’une extrême finesse faisant penser à des coraux. Plusieurs de ses pièces ont été vendues entre 400 et 8 500 euros, soit des prix très abordables, comme pour l’ensemble du salon.
Le public était composé de quelques Européens des pays limitrophes, « mais j’ai surtout rencontré des Français » a constaté le souffleur de verre québécois Jérémy St-Onge – le Québec était la nation mise à l’honneur cette année. Ses réalisations – certaines reprenant les formes et les concepts de la céramique et du verre archéologique – ont plu puisque sur les cinq lots qu’il avait apportés, trois ont été vendus (prix d’un ensemble de cinq pièces : 1 050 €).
Avec ses allées bien aérées et une circulation aisée, c’est l’Agora qui accueillait le visiteur. Pour les dix ans du salon, les organisateurs avaient réservé cet espace aux lauréats du prix de la jeune création Métiers d’art – véritable dénicheur de talents – distingués depuis 2013 et venus avec des œuvres récentes ou inédites. On y retrouvait notamment les céramiques colorées de Kaori Kurihara primée en 2015.
En pénétrant un peu plus au cœur du Grand Palais éphémère, la section internationale nommée « Banquet » se déployait sur toute sa largeur [voir ill.]. Là, parmi la centaine d’œuvres rassemblées en provenance de dix régions du monde, les réalisations de l’Équatorienne Pamela Suasti étaient bien mises en évidence. En fibre végétale et laine, utilisant les techniques typiques de son pays, ses œuvres – dont plusieurs ont trouvé preneur – s’inspirent de l’évolution des graines (entre 500 et 1 200 €).
De dimensions variables, les nombreux stands mettaient en lumière toute la diversité des matières, des formes et des textures, à travers des pièces raffinées d’une infinie poésie, même si, ici ou là, quelques créations tape-à-l’œil aux couleurs criardes dénotaient. Mais c’était la grande originalité des objets proposés qui sautait aux yeux avant tout, depuis les pièces en macramé de Laurentine Périlhou jusqu’aux étonnants panneaux de décoration murale réalisés à la main à partir de pures laines d’Europe par la feutrière Sandrine Bihorel : « Pour ma première participation, j’ai été très bien accueillie. Les visiteurs étaient très intrigués et ont trouvé mon travail apaisant. » Un savoir-faire ancestral au service d’une esthétique contemporaine. Des particuliers et des décorateurs ont acheté plusieurs de ses œuvres, pour des prix compris entre 2 800 et 4 800 euros.
Tout au fond de l’allée centrale, en direction de la tour Eiffel se trouvait l’œuvre choisie pour incarner cette 6e édition. Dévoilée pour la première fois au public, Columbidae, de la créatrice japonaise Kuniko Maeda mêlant découpe de papier, peinture acrylique et Kakishibu (laque de tanin de kaki) et s’inspirant du plumage des oiseaux, a été vendue à 3 000 euros.
Pour autant, si des transactions ont été conclues – à des prix très abordables –, Révélations est davantage perçu comme une vitrine permettant aux artisans de nouer des contacts avec des professionnels de la décoration ou des particuliers. « Il s’agit plus d’un salon de contact que d’un salon de vente. Parfois, nous avons des retours près de deux ans après », a souligné Marie-Anne Thieffry. « Participer à cet événement est avant tout un moyen de me faire connaître », a confirmé la plumassière Maud Ruby. Il faut dire aussi que la plume est un matériau « qui peut attirer tout autant qu’il repousse, sans compter qu’il faut avoir le projet pour ». La créatrice proposait notamment une composition murale associant cinq éléments indépendants représentant plus de 150 heures de travail, le tout pour 20 000 euros.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : Plus de professionnels parmi les visiteurs de Révélations 2023