PARIS
Marion Papillon, « patronne » des galeries, rappelle les enjeux de cette édition qui se déroule dans un contexte géopolitique et économique difficile.
Depuis 2007, Marion Papillon est directrice associée de la galerie Papillon – qui fête cette année son 35e anniversaire –. aux côtés de sa mère Claudine. Investie dans la profession en tant que présidente du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), elle participe à Art Basel Paris.
Marion Papillon : C’est aujourd’hui une très grande foire à l’échelle mondiale qui, en plus, revient cette année au Grand Palais. Elle donne de la visibilité à Paris et à la scène française. La marque Art Basel est un acteur qu’on identifie depuis longtemps et qui s’implante toujours sur un territoire de manière intelligente en tenant chaque fois compte d’un contexte particulier qui n’est pas le même à Hong Kong, à Miami ou à Bâle. Les organisateurs savent qu’on ne peut pas arriver avec des recettes toutes faites et qu’il faut s’adapter. Car le risque est de voir la même foire avec les mêmes exposants partout dans le monde. C’est donc un enjeu pour les galeries françaises et pour le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) de tisser des liens avec eux pour que justement soient prises en compte nos spécificités avec une garantie pour les galeries françaises.
M.P. : Ce qui complique l’analyse et la lecture de la scène, c’est aujourd’hui ce qu’on entend par « galeries françaises » dans toute leur diversité et leurs différents modèles. S’agit-il d’une galerie étrangère qui a une antenne récente en France, ou d’une galerie implantée ici depuis plus de dix ans ou d’une galerie cent pour cent française ? On voit bien dans les chiffres qu’il y a un certain nombre de galeries considérées comme françaises qui pour autant n’ont pas forcément leur maison mère en France et évidemment on attend d’Art Basel Paris qu’elle mette la lumière aussi bien sur des galeries françaises qui se déploient à l’international que sur d’autres qui n’ont pas forcément d’antennes à l’étranger ou sur de toutes jeunes ou sur de moins jeunes également qui font toutes un travail de qualité, c’est-à-dire défendre des artistes résidents en France sur la scène nationale et internationale, mais aussi défendre en France des artistes étrangers.
M.P. : C’est l’éternelle grande question de la place qui leur est accordée et de leur visibilité, un point d’autant plus important que ce sont elles qui donnent la tonalité, la spécificité d’Art Basel Paris. Le CPGA collabore très concrètement avec les organisateurs pour mettre en avant les galeries françaises notamment dans le cadre de la semaine de l’art avec l’événement qui s’intitule désormais Starting Sunday qui démarre donc dès le dimanche précédent l’ouverture de la foire, dure toute la semaine et rassemble plus de 110 galeries dont on met en avant, avec une publication, la programmation et différents événements comme des vernissages regroupés ou des ouvertures des galeries le lundi soir dans le quartier Matignon, le jeudi à Saint-Germain-des-Prés, etc.
D’autre part, un grand travail a été fait de manière visible lors des deux premières éditions pour faire venir des collectionneurs et des professionnels en plus grand nombre. Mais évidemment on vit aujourd’hui dans un contexte international complexe et ce n’est pas parce que ces différents acteurs du marché sont là qu’ils achètent. En ce sens, on attend des organisateurs qu’ils facilitent les transactions, les acquisitions.
Et le rôle des collectionneurs et institutionnels français est également d’aller dans ce sens, de mettre notre scène en avant. Il y a là une sorte de responsabilité collective.
M.P. : Il est par exemple très important que les institutions valorisent la scène française sur leurs murs pendant cette semaine qui est la plus importante pour l’art moderne et l’art contemporain. Il faut d’autre part que les collectionneurs, eux aussi, mettent en avant cette scène, qu’ils accueillent et incitent les collectionneurs étrangers à la regarder. Il faut que des collectionneurs étrangers soient invités à la remise du prix Marcel Duchamp organisé par l’Association pour la diffusion internationale de l’art français (ADIAF) le lundi soir au Centre Pompidou, c’est essentiel. Il faut ainsi multiplier les événements pour faire connaître les artistes, jeunes comme établis, qui travaillent sur notre territoire. C’est l’occasion parfaite, l’enjeu est fort et nous avons besoin de ces foires pour cela.
M.P. : Il ne faut pas oublier qu’une foire est toujours un risque important pour les galeries. Comme je l’ai dit, il faut de la visibilité mais il faut aussi des résultats financiers. C’est là qu’interviennent les collectionneurs qui par leurs acquisitions soutiennent à la fois l’artiste et la galerie. Alors certes, le contexte actuel est très compliqué, ce qui n’est pas sans conséquence. Le marché de l’art a toujours subi le contexte politique et économique mais le problème est que depuis quelques années on passe d’un contexte difficile à un autre de plus en plus rapidement.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Marion Papillon : « Une foire est toujours un risque important pour une galerie »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Marion Papillon : « Une foire est toujours un risque important pour une galerie »