PARIS
NANTERRE [10.06.16] - Bill Pallot, qui avait été interpellé à Paris par l’OCBC, a été placé en détention provisoire. L'antiquaire Laurent Kraemer a été remis en liberté. Tous deux ont été mis en examen à Pontoise.
Les antiquaires parisiens Bill Pallot, de la galerie Aaron, et Laurent Kraemer ont été mis en examen jeudi 9 juin au soir dans l’affaire de contrefaçon supposée de sièges XVIIIe. Si le second a été remis en liberté sous caution, Bill Pallot a été, lui, placé en détention, selon des informations obtenues de leurs proches et confirmées de source judiciaire. Son avocat, Me Emmanuel Pierrat, n’a cependant pas souhaité apporter de commentaires.
Dans la foulée, le syndicat national des antiquaires (dont les deux galeries mises en cause sont des piliers) ainsi que la compagnie nationale des experts ont pris leur distance, en annonçant sèchement qu’ils se porteraient parties civiles dans cette procédure.
Un doreur a également été mis en examen pour complicité d’escroquerie. Les soupçons de la juge se fondent notamment sur des indications apportées par des artisans d’ateliers parisiens qui auraient travaillé sur les meubles litigieux. Plusieurs sont également passés par l’entremise d’un ami de Bill Pallot, l’expert Guillaume Dillée. Celui-ci, qui vit désormais à Melbourne (Australie), de même qu’Hervé Aaron, installé à New York, se sont aussi abstenus de tout commentaire. Jeudi, la galerie Kraemer a publié un communiqué laconique affirmant n’avoir « jamais fait fabriquer quelque meuble que ce soit », en se présentant comme victime.
Au coeur de l’enquête se trouvent deux chaises censées provenir du Belvédère à Versailles, vendues pour deux millions d’euros à un collectionneur étranger que la galerie Kraemer a dû reprendre quand des doutes ont été émis sur leur authenticité. Selon nos informations, le client a été intégralement remboursé en décembre dernier. La galerie fait remarquer qu'elles avaient été auparavant classées trésor national par le château de Versailles, qui ne les avaient finalement pas achetées.
Des soupçons ont été aussi émis sur une bergère achetée par Versailles supposée venir de Madame Elisabeth, sœur du roi. Mais sa conservatrice en chef, Béatrix Saule, fait observer qu’aucune objection n’a été formulée sur son authenticité par la conservation ou les conservateurs du Louvre auxquels elle a été montrée. « Jusqu’à preuve du contraire, nous devons la considérer authentique », dit-elle, en soulignant que les examens scientifiques sont difficilement probants sur des ouvrages de menuiserie. D’autres sièges sont mis en cause, mais les délits supposés pourraient être couverts par la prescription.
Contrairement à ce qu’ont affirmé plusieurs médias, l'enquête sur les sièges est bien antérieure à des dénonciations qui ont été lancées, notamment par un ancien élève de Bill Pallot. Après la mise en cause de l'antiquaire Jean Lupu dans une instruction parallèle pour contrefaçon, ce scandale, à six mois de la Biennale des antiquaires, est un coup majeur pour un marché déjà bien déprimé. Elève du grand conservateur du Louvre Alcouffe, Bill Pallot s’est imposé comme l’autorité de référence sur les sièges XVIIIe. Pilier de la galerie Aaron, expert près des douanes, professeur à la Sorbonne et l’Ecole du Louvre (*), il cumule les titres.
(*) Billa Pallot n’enseigne pas à L’Ecole du Louvre comme nous l’écrivons par erreur dans cet article.
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L’expert Bill Pallot placé en détention provisoire
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