ÉTATS-UNIS / FRANCE
Une Américaine voulait revendre une œuvre de Chagall mais le comité d’experts l’a déclarée fausse et réclame sa destruction.
La collectionneuse américaine Stéphanie Clegg (73 ans) voulait vendre un tableau attribué à Marc Chagall (1887-1985) chez Sotheby’s. Là où elle l’avait acheté en 1994. Mais avant de le soumettre aux enchères, Sotheby’s l’a envoyé au Comité Chagall, à Paris, pour l’expertiser. Avec l’assurance, dit Stéphanie Clegg, qu’il n’y avait aucune raison de croire qu’il puisse s’agir d’un faux. Pourtant, le comité affirme que c’est un faux. Et il demande à présent que l’œuvre soit détruite, rapporte le New York Times.
L’avocat de Stéphanie Clegg, Carter A. Reich, reproche à Sotheby’s d’avoir « fermement et imprudemment assuré » à sa cliente que le comité ne remettrait pas en cause l’authenticité de son tableau. Et, pour avoir vendu le tableau comme une œuvre de la main de Marc Chagall à Stéphanie Clegg il y a près de trente ans, il réclame 175 000 dollars (env. 174 000 euros) à la maison de ventes.
Sotheby’s se défend en suggérant que Stéphanie Clegg connaissait bien les risques d’une telle demande. Elle explique aussi qu’elle s’était conduite de manière responsable à l’époque et qu’elle ne peut plus rien faire à présent. « La vente du tableau à Stéphanie Clegg a eu lieu il y a plus de vingt ans. Nous avons depuis longtemps dépassé la période pendant laquelle Sotheby’s a garanti la paternité de l’œuvre », explique un porte-parole de la maison de ventes. Sotheby’s garantit l’authenticité des œuvres qu’elle vend jusqu’à cinq ans après leur mise en vente.
Le Comité Chagall reconnaît dans l’œuvre, une aquarelle intitulée Le couple au bouquet de fleurs, des « éléments iconographiques récurrents dans le travail de Chagall ». Notamment un bouquet de fleurs, un profil de cheval, un autre de coq, un village et un croissant de lune. Mais cela ne prouve rien. Le faussaire, indique le comité d’experts, semble s’être inspiré de deux toiles du peintre : Le couple au bouquet (vers 1952) et Les amoureux au cheval (1961).
Interrogé par le New York Times sur cette affaire, l’avocat spécialiste en droit du marché de l’art Thomas C. Danziger explique que l’autorité du Comité Chagall, fondé en 1988, peu après la mort du peintre, est absolue. « Vous pourriez avoir une photographie de Chagall en train de peindre le tableau. Si le comité dit qu’il n’est pas de l’artiste, c’est qu’il n’est pas de l’artiste ».
L’œuvre pourrait-elle être détruite ? Elle pourrait l’être si les héritiers du peintre et le Comité Chagall obtiennent judiciairement la possibilité de procéder à la saisie de l’œuvre puis assignent son propriétaire en contrefaçon et destruction. Rare, ce type de destruction « répond à l’intérêt général de lutte contre la contrefaçon », expliquait la chambre criminelle de la Cour de Cassation le 3 novembre 2021 dans une autre affaire relative à de faux Modigliani.
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Les mésaventures d’une collectionneuse de Chagall
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