PRAGUE (REPUBLIQUE TCHEQUE) [22.02.10] – Un tableau en République Tchèque. Un autre identique vendu aux enchères à Londres. Laquelle des deux versions d’une œuvre peu connue de Chagall intitulée « Nuit d’hiver » est la vraie. Laquelle des deux échappera à la destruction ? Courrier International mène l’enquête.
La justice française a affirmé que le tableau conservé en République Tchèque était un faux. Conformément à la législation française, la fausse version de l’œuvre de Chagall doit être détruite. La police tchèque n’a pas tardé à réagir et réclame « la confrontation physique des deux tableaux afin de les évaluer » précisant que « c’est seulement de cette façon que l’on pourra indiquer lequel des deux est l’original ».
Rappel des faits. L’œuvre exécutée par Chagall à la fin des années 1920 est acquise par le peintre tchèque Vladimir Sychra (1901-1963) à Paris. « Il l’a achetée directement au peintre » affirme Frantisek Sychra, un membre de la famille. Le tableau reste ensuite pendant de nombreuses décennies dans la famille Sychra et est connu uniquement des spécialistes et amis de la famille. A la mort de Vladimir Sychra, sa femme en hérite et le conserve secrètement.
En 1987, la veuve de Sychra reçoit la visite de Jan Dvorak, historien d’art et de Milan Heidenreich, homme étrange, ancien pilote reconverti en marchand d’art, qui la persuade de vendre la toile. En vain. Mais Dvorak parvient à prendre des photos du tableau. Clichés volés par Heidenreich à partir desquels il aurait fait exécuter un faux de très grande qualité, probablement en Allemagne.
En 1991, Heidenreich apporte « son » Chagall à Paris où il le fait expertiser par le Comité Chagall – comité qui vise à défendre le droit moral du peintre – qui lui délivre une attestation d’authenticité. La même année, le tableau est vendu à Londres pour 400 000 livres.
Deuxième volet : Heidenreich meurt accidentellement et mystérieusement et l’identité de l’acheteur n’est pas connue. Entre temps, la veuve Sychra meurt et laisse la toile en héritage à sa famille. Cette dernière apprenant la vente de Londres le fait expertiser en République tchèque. Expertise qui prouve son authenticité.
Le tableau est acheté en 2003 par un collectionneur et le présente au Comité Chagall qui le déclare faux précise l’avocat de ce dernier qui préfère garder l’anonymat.
Les autorités françaises confisquent alors la toile pour la détruire car fausse. Le propriétaire tchèque conduit l’affaire devant le tribunal de grande instance de Paris et une plainte est déposée en République Tchèque.
Il s’agit aujourd’hui de prouver que la pièce expertisée en 1991 est un faux. Mais encore faudrait-il la localiser. La maison de vente aux enchères londonienne a été contactée pour avoir des informations sur l’acquéreur. Le tribunal français attend les résultats de l’enquête tchèque.
Si aucun élément nouveau n’est apporté à l’affaire, la police tchèque sera alors impuissante face à la décision de la justice française de détruire la toile.
Marc Chagall - Nuit d'hiver, 1929-1930 - Gouache - 66,7 x 51,1 cm - © D.R.
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Deux versions d’un Chagall : laquelle est le vrai ?
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