Quatre salons dédiés au dessin contemporain sont dorénavant organisés au printemps à Paris - Chacun d’entre eux a trouvé son identité propre.
Cette année, petite révolution, les différents salons parisiens dédiés au dessin n’auront pas lieu en même temps, le Salon du dessin contemporain ouvrant le bal une semaine avant les autres. Un échelonnement qui soulage certains observateurs inquiets d’une déperdition de la clientèle. D’autres en revanche craignent une perte d’énergie. « D’un point de vue concurrentiel, cela m’arrange, mais cela affaiblit le concept de la Semaine du dessin [organisée du 28 mars au 4 avril] », estime Cécile Griesmar, codirectrice de Chic Dessin.
Bien qu’une bonne partie de ses exposants participent également la semaine suivante à Art Paris (lire p. 28), la différenciation est de mise au Salon du dessin contemporain, rebaptisé « Drawing Now ». Un anglicisme destiné à dissiper la confusion avec le Salon du Palais Brongniart et une tentative timide d’internationalisation. « On a 25 à 30 % de galeries étrangères, et des ambitions potentielles à l’étranger. J’aimerais un salon en Corée. Il fallait, du coup, créer un label immédiatement perceptible », précise Philippe Piguet, directeur artistique de l’événement.
L’axe du numérique
Cette deuxième édition organisée au Carrousel du Louvre voit revenir des galeries qui avaient déserté le salon l’an dernier, à l’instar des Parisiens Laurent Godin, Daniel Lelong, Suzanne Tarasiève et Olivier Robert. « Je ne suis toujours pas convaincu par le Carrousel, mais on ne peut pas aller contre l’institutionnalisation de la foire », indique Olivier Robert. « L’édition 2010 était cohérente et c’est l’occasion de montrer des choses non centrales dans les expositions et qu’on ne montre pas forcément sur des foires plus lourdes », précise Laurent Godin, lequel apporte un ensemble d’œuvres allant de David Kramer à Gérard Traquandi. Faute d’attirer les poids lourds de ses débuts, « Drawing Now » donne la primeur aux jeunes galeries avec une mezzanine où se retrouveront Caroline Vachet (Lyon), qui présente un solo show d’Anya Belyat Giunta, ou encore Bertrand Grimont (Paris). « J’aime l’idée de montrer des travaux qui se situent en amont de la démarche », explique ce dernier, en montrant notamment des pièces de Jean-François Leroy et des dessins numériques de Vincent Mauger. Le numérique est précisément un des axes de l’édition actuelle. Une forme d’expression dont la définition reste floue. « La buse d’une imprimante peut parfois avoir la délicatesse du poignet le plus agile. Qu’une œuvre soit faite à l’aide d’un ordinateur, d’une caméra HD, d’une imprimante pigmentaire ou d’un logiciel de dessin industriel 3D ne change rien au statut d’œuvre avant tout », estime Jérôme Poggi de Poggi & Bertoux associés (Paris). Celui-ci présentera des tirages numériques pigmentaires de Dominique Furgé et des dessins lumineux de Bertrand Lamarche.
Tables et rouleau de papier
Slick réactualise pour sa part le principe du cadavre exquis, avec un projet non commercial, « Dessins exquis », mené par le critique d’art Laurent Boudier, ancien directeur du Salon du dessin contemporain. Une quarantaine d’artistes tels Farah Atassi, Fabrice Hyber ou Gérard Fromanger ont été invités à travailler sur un grand rouleau de papier. Une sorte de joute grandeur nature. « Il ne s’agit pas de cadavre exquis surréaliste mais plutôt d’une liaison de dessins les uns à la suite des autres », explique Laurent Boudier.
La Foire internationale du dessin (FID) reste quant à elle fixée sur le créneau des dessins d’étudiants d’écoles d’art, présentés sur des tables et dans des cartons. Une niche porteuse puisque quarante écoles y participent cette année, contre seize l’an dernier. Certains élèves présentés en 2010 ont bénéficié d’expositions en galerie. La lauréate du prix FID, Kristina Heckova, a signé avec la Galerie Particulière (Paris), tandis que Lise Stoufflet est en contact avec la Galerie Depardieu (Nice). « Le vrai problème, c’est que le modèle économique du salon n’est pas viable, on espérait entre 30 000 et 80 000 euros de subventions et finalement on a eu moins de 10 000 euros », déplore Sergheï Litvin, maître d’œuvre de l’événement. De son côté, Chic Dessin se situe à mi-chemin entre la FID et Drawing Now en misant sur de jeunes artistes, des stands plus proches de l’idée d’atelier, et un faible nombre d’exposants. Car trop de dessins tuent le dessin et épuisent le visiteur.
CHIC DESSIN
Organisation : Cécile Griesmar et Sandrine Bisognin
Nombre d’exposants : 25
Tarif du stand : entre 2 000 et 3 550 euros HT
Nombre de visiteurs en 2010 : 5 000
DRAWING NOW PARIS
Directeur artistique : Philippe Piguet
Nombre d’exposants : 83
Tarif : 285 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2010 : 18 644
SLICK
Organisation : Johan Tamer-Morael
Commissaire : Laurent Boudier
FID
Directeur : Sergheï Litvin
Nombre d’exposants : 90
Tarif : gratuit, rétrocession sur le prix lors d’une vente d’œuvre
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Le contemporain s’installe
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Abonnez-vous dès 1 €CHIC DESSIN, 1er-3 avril, Atelier Richelieu, 60, rue de Richelieu, 75002 Paris, www.chic-today.com, tlj11h-20h.
DRAWING NOW PARIS, 25-28 mars, Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris, www.drawingnowparis.com, tlj 11h-20h.
SLICK, DESSINS EXQUIS, 24 mars-4 avril, 40, rue de Richelieu, 75001 Paris, www.slick-paris.com, tlj 14h-19h.
FID, 31 mars-3 avril, Cité internationale des arts, 18, rue de l’Hôtel-de-Ville, 75004 Paris, foireinternationaledudessin.com/, le 31 mars 17h-19h, les 1er, 2 et 3 avril 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°343 du 18 mars 2011, avec le titre suivant : Le contemporain s’installe