Galerie

Laurent Godin ferme sa galerie

Par Anne-Cécile Sanchez · lejournaldesarts.fr

Le 1 octobre 2024 - 355 mots

PARIS

Fragilisé par son modèle économique et sa localisation le galeriste met ses activités en pause.

Wang Du et Laurent Godin dans la galerie du 13e avant son ouverture © Photo An Xiao Tong, 2015
Wang Du et Laurent Godin dans la galerie du 13e avant son ouverture.
Photo An Xiao Tong, 2015
Courtesy Galerie Laurent Godin

C’est avec un accrochage collectif « rassemblant des œuvres de l’ensemble (ou presque) des artistes avec qui la galerie a collaboré depuis son ouverture en octobre 2005 », que Laurent Godin baisse le rideau de son espace dans le 13e arrondissement. « L’immeuble a été vendu et nous sommes expulsés », explique-t-il, tout en reconnaissant cependant que cette fermeture qui ne dit pas son nom résulte d’une succession de circonstances défavorables, de retournements brutaux et de quelques erreurs stratégiques.

Au nombre de ces dernières, la relocalisation en 2015 « dans un angle mort » de la géographie parisienne n’a pas aidé. L’échelle du lieu – 500 m2 de surface d’exposition et autant de réserves en sous-sol –, et sa programmation, correspondaient à « une logique plus proche de celle d’un centre d’art que d’un projet commercial », reconnaît également le galeriste, qui estime avoir sans doute à un moment, fait « trop de foires, jusqu’à dix par an », au risque de s’épuiser.

S’ajoute à cela la volatilité du marché : si les œuvres monumentales de l’ex-dissident chinois Wang Du ont longtemps assuré une part importante de son chiffre d’affaires, aucun artiste véritablement « bankable » n’avait pris le relais. L’économie d’une galerie de taille moyenne est fragile : car il arrive aussi que des artistes phares soient captés du jour au lendemain par des enseignes plus puissantes.

Le cas de Laurent Godin, qui déplore une époque où « c’est la logique de la demande qui formate l’offre » - est avant tout emblématique du climat de marasme dans lequel s’enfoncent depuis quelques mois les galeries de taille intermédiaire. « Nous sommes nombreux à avoir le sentiment d’un basculement ; il n’y a plus de place pour une approche artisanale du métier ; aujourd’hui le rapport à l’art est en grande partie soit spéculatif, soit consumériste ». Pour autant le galeriste n’exclut pas de rebondir ailleurs, et autrement. Il y aura donc peut-être une suite, dans une petite ville au bord du Rhône où se tient chaque été un festival de photo. Une galerie à Arles ? À voir. Avec cette fois pour règle « le moins de contraintes possible », assure Laurent Godin.

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